celle-ci exige la chaleur. La chaleur s’obtient en consommant le charbon ; L’acte de consommation devient un acte de production. Cette chaleur est consommée dans l’acte de consommer l’eau et de produire de la chaleur. Après quoi la chaleur est consommée à produire de l’eau, et ainsi de l’un à l’autre, dans un cercle sans fin, où production et consommation font si bien partie et complément l’une de l’autre, que la distinction entre les deux a cessé d’exister.
Continuons : Tel homme produit le charbon, l’autre le minerai de fer ; il faudra qu’il y ait consommation des deux avant que l’un et l’autre réunis puissent commander ces services de la nature que l’on obtient à l’aide d’une barre de fer. Ils sont consommés mais au lieu d’une barre malléable, nous n’avons encore qu’une masse brillante de métal, d’une utilité faible. C’est elle qui, consommée, nous donnera la barre. De celle-ci, consommée à son tour, nous tirerons des morceaux propres à faire des couteaux. Cependant, avant d’obtenir le couteau, il aura fallu consumer d’autre fer à produire de l’acier ; et ce n’est qu’après avoir consommé les deux, fer et acier, que nous trouverons à leur place un paquet de couteaux et de fourchettes. Voilà autant d’actes de consommation qui sont parties et combinaisons de parties d’un grand acte de production.
En faisant des trous dans la terre avec son bâton, Crusoé obtient du blé. En consommant le blé, il acquiert une force musculaire qui le met en état d’obtenir une bêche. Il consomme la bêche à faire ses trous plus profonds, et rend ainsi la terre apte à consommer une quantité plus notable des éléments dont l’atmosphère est chargée ; elle lui donne en retour plus de blé, et, mieux nourri, il acquiert plus de force. Plus il consomme de blé, plus il a d’éléments du blé à restituer à la terre ; d’où s’accroît l’aptitude du sol à consommer d’autres éléments, et par conséquent à produire plus de subsistance. Ce sont là autant de simples actes de mouvement dont chacun est nécessaire pour la production de l’autre. L’homme cependant ne peut pas créer l’existence du mouvement. Tout ce qu’il peut, c’est de combiner les forces de la nature de manière à les faire servir à ses desseins. Elles consentent à le servir s’il se met lui-même dans les conditions d’être servi. Les eaux du Niagara et les immenses couches houillères de l’Ouest sont prêtes à lui