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d’acquérir ainsi un surcroît de richesse. Tous deux sont également intéressés à tout ce qui peut maintenir la paix, et à adopter un système de conduite qui assure la plus rapide circulation de services et de produits, et la plus grande économie de travail, — le plus haut pouvoir d’association, — le plus parfait développement d’individualité, — et le commerce avec ses semblables le plus large et le moins restreint. La marche dans cette voie les met à même de cultiver les sols plus riches, ce qui accroît les subsistances dont ils disposent, — car le riche grenier de la nature abonde en provisions qui n’attendent que la demande. Le pouvoir de se protéger soi-même fait des progrès, tandis que diminue la nécessité des services du soldat ou du matelot, du négoce ou du roulage, et la nécessité de payer des impôts pour leur entretien. La tendance vers l’égalité s’accroît de jour en jour, — car la nature travaille toujours gratuitement et elle travaille également au bénéfice du fort et du faible, du pauvre et du riche. Plus on la fait travailler pour le service de l’homme, plus s’accroît la tendance vers le développement des facultés particulières de tous, — plus s’augmente la rémunération pour chacun, — et plus s’élève le type de l’homme lui-même[1].

  1. Voici comment se trouve exposée l’harmonie de cette grande loi, dans un livre que nous avons souvent cité :
      « Un point qu’il faut surtout remarquer, c’est que les avantages qui résultent de l’amélioration progressive pour le capitaliste et le travailleur, ne bénéficient point à l’un au préjudice de l’autre, et que tous deux bénéficient sans que ce soit aux dépens d’un tiers. Au contraire, des individus qui n’ont point contribué à l’amélioration, qui n’ont coopéré ni avec le capitaliste, ni avec le travailleur, participent aux bénéfices qui en résultent. Le travailleur qui, à la seconde période retient, après rémunération du capitaliste pour son assistance, une récompense en canots ou autres objets, équivalente à 4 pour le même travail dont son prédécesseur avait obtenu 1, — le travailleur qui, à la troisième période, après le capitaliste payé, a 14 au lieu de 4 qu’avait son père, — désire naturellement échanger quelques-uns de ces objets contre des objets d’autres sortes faits par d’autres travailleurs. Il ne peut toutefois exiger longtemps que ceux-ci échangent avec lui des services sur un pied d’inégalité, en lui donnant le produit de plus de travail qu’il n’en a dépensé lui-même. Autrement il induirait quelques-uns d’entre eux à construire des canots non-seulement pour leur propre usage, mais pour les vendre. Supposons qu’arrivés à la période du second degré de progrès, les valeurs se sont ajustées d’elles-mêmes, qu’un canot s’échange contre la venaison produite par une semaine de chasse, on contre le poisson pris après sept jours de travail, au filet, à l’hameçon ou au harpon. À la troisième période, les constructeurs de canot voudront d’abord obtenir en échange, contre une quantité de travail donnée, un surcroît de venaison ou de poisson, dans le rapport de 14 à 4 ou 3 fois et demi plus qu’auparavant. À ce taux, chasseurs et pécheurs n’auront pas plus d’aptitude à se