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qui réussit le mieux[1]. » Il aurait dû ajouter, celui à qui le monde est le plus redevable quant à la création de capital.

Supposer que la terre demande le capital est une erreur. La terre est la grande donatrice, — tout ce qu’elle demande en retour c’est que l’homme, quand il en a fini avec ses dons, les lui restitue, et par là, la mette en état de se montrer encore plus libérale à la première occasion. Le tenancier anglais ne peut améliorer sa terre comme il le ferait, si elle lui appartenait. Il lui faut mettre de côté la rente à servir au propriétaire. C’est ce temps d’arrêt de la circulation qui induit le dernier à s’imaginer qu’il donne à la terre lorsqu’il y fait des amendements, tandis que c’est constamment la terre qui est libérale envers lui. Si le tenancier avait été le propriétaire de la machine maltraitée, il lui aurait donné le double, sans la débiter, — au contraire, en la créditant — de la part qu’il retient pour sa consommation personnelle. Lorsqu’un propriétaire anglais parle de dépenser cinq ou dix livres par acre, cela sonne bien, cela semble énorme ; mais, comme d’ordinaire, la grandeur réelle est en raison inverse de l’apparence. L’homme qui cultive sa propre terre y applique le double — en agissant d’année en année insensiblement ; et la terre devient deux fois plus productive dans on cas que dans l’autre. La nature accomplit toutes ses opérations lentement, sans bruit, mais d’une manière continue ; plus l’homme imite son exemple et plus il a raison. L’homme qui amende sa propre terre agit avec un long levier, qui exige peu de force ; le maître du tenancier travaille avec un court levier — qui exige beaucoup plus de force pour produire le même effet…

Le système entier du docteur Smith vise à accroître le pouvoir d’entretenir commerce en développant chez l’homme le pouvoir de satisfaire l’instinct naturel qui le pousse à s’associer à ses semblables. Le système de ceux qui sont venus après lui vise, ainsi qu’on le voit, à accroître la nécessité du négoce et à diminuer le pouvoir de combinaison entre les hommes. Dans l’école de l’un le commerce est regardé comme le serviteur de l’agriculture. Dans l’autre école le trafic est le maître. Dans les sociétés qui suivent la première voie, la distribution de ce qui provient du travail devient de jour en jour plus équitable et l’homme gagne en liberté ; dans

  1. Sismondi.