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gens de même profession en Angleterre ; et cependant ils ont été soumis à une centralisation politique de la sorte la plus épuisante. Leur progrès aussi a été et est retardé par l’action du système anglais. Que les populations de la Jamaïque et du Portugal soient plus prospères, qu’elles extraient leur minerai, et se construisent des machines, — elles auront plus d’utilités à donner à la France et pourront lui acheter davantage. Que celles de la Caroline fassent de grossières cotonnades et augmentent la fertilité de leur terre, elles éprouveront davantage le besoin des soieries de France et des tableaux d’Italie. Le pouvoir d’acheter dépend du pouvoir de vendre, et tous les pays de l’Europe sont retardés dans leur mouvement par la diminution du pouvoir de produire, résultant de l’existence d’un système basé sur l’idée d’accroître la différence entre les prix des matières et ceux des utilités achevées, — et ainsi d’asservir le travailleur agricole. Nonobstant tous ces obstacles, la population française devient de jour en jour plus apte à payer pour les produits des autres pays, et cela vient de ce que la politique vise à augmenter la concurrence pour l’achat des produits bruts de la terre et à élever la condition de l’agriculteur ; tandis que celle d’Angleterre cherche à augmenter la concurrence pour la vente de tels produits, et à faire disparaître parmi sa population, toute cette grande classe qui d’ordinaire se tenait entre le simple journalier et le grand propriétaire non résidant[1].

    vrai paradis du travailleur agricole. Si nous comparons le taux des salaires et le prix des denrées dans ce comté en 1797-8-9, la période sur laquelle s’étend le rapport d’Arthur Young, avec ceux courants en 1849, alors que M. Clarke écrivit son précieux essai sur le fermage de Lincolnshire, nous trouvons que le pouvoir du travailleur sur les nécessités de la vie est resté stationnaire, si même il n’a pas rétrogradé, tandis que le revenu du pays a augmenté de 87 pour cent. (Blackwood’s Magazine. December l855.) — M. Caird dit que dans les quatre-vingts dernières années les salaires des travailleurs ont augmenté de 34 pour cent et son loyer de 10 pour cent, tandis que le prix du blé, le grand type alimentaire du travailleur anglais est à peu près le même qu’en 1770. Le prix du beurre, ajoute-t-il, a augmenté de 100 pour cent, celui de la viande environ 70 pour cent, celui de la laine de plus de 100 pour cent. (English Agriculture, in 1850-51, p. 495). La nourriture et le logement ont augmenté de prix plus que l’homme, et le seul changement en faveur du dernier est dans la réduction du coût du drap, un luxe qu’on ne peut se donner qu’après avoir obtenu l’aliment nécessaire à l’entretien de la vie. Prise en bloc, l’évaluation de M. Caird fait la condition du travailleur rural pire qu’à l’époque de Young, et cependant le prix du blé n’était que de 40 sh. le quarter.

  1. « L’absentéisme est, dans ses résultats, le même partout. Dans toutes les transactions