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Il y a quarante ans, la Grande-Bretagne se nourrissait elle-même et avait environ une valeur de deux cents millions de dollars en productions de son sol à donner au monde, en échange contre les utilités nécessaires à la consommation de ses populations. Aujourd’hui, elle a quatre millions de sa population qu’elle ne peut nourrir ; et elle n’a, de fait, rien de son crû à donner aux autres nations, en échange contre l’énorme quantité de produits étrangers qui se consomment chez elle. Elle est devenue un pur trafiquant en denrées des autres pays — changeant leur forme à l’aide du travail fourni par les populations de ces pays, et vivant entièrement sur la taxe ainsi imposée au globe entier. Comment cela s’est-il accompli ? Un examen du mouvement de l’article coton va nous le montrer.

Pour 800.000.000 livres de coton exportés de l’Inde à la Gr. Bretagne, ceux qui le cultivent reçoivent au plus 1 cent et demi par livre, en tout 1.200.000 doll.
Admettant que cela ne serve à fabriquer que 360,000,000 d’aunes de cotonnades, le coût de la même quantité de coton réexpédiée à l’Inde, au prix moyen des exportations de cotonnades d’Angleterre, — 7 cents par aune donneraient 25.000.000 doll.[1]
À quoi il faut ajouter, pour les nombreuses charges pour le transport, et dans l’Inde pour la distribution aux consommateurs, une somme supposons de 10.000.000 doll.
______________ Formant un total de 35.200.000 doll.


et laissant pour être fournie par l’Inde la somme de 34.000.000 dollars, — ce qui est la différence entre la matière première et l’utilité qu’elle sert à fabriquer, une somme suffisante pour absorber la plus grande partie, sinon le tout du sucre, de l’opium, de l’indigo qu’elle exporte, pour laquelle, de fait, elle ne reçoit rien,— et dont la culture va épuisant rapidement son sol. Ces 34.000.000 dollars sont requis pour le paiement des gros salaires des fonctionnaires anglais, — les dividendes de la Compagnie de l’Inde, — les frais, profits et les mille charges de la nombreuse population qui s’interpose entre le pauvre Indien qui cultive le coton, et ses voisins qui font croître le sucre ou le riz, et ont besoin de consommer de la cotonnade.

  1. La consommation actuelle des cotonnades anglaises dans l’Inde, s’évaluait, il y a quelques années, à neuf pences sterling par tête, ce qui donnerait 18.000.000 doll. Une partie considérable était expédiée sous forme de filés, tandis que l’évaluation ci-dessus est basée sur la supposition que le tout était converti en tissu.