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trois cent mille mains, — est appliqué à la production des objets exportés ; mais pour éviter toute possibilité d’erreur, nous pouvons l’évaluer à un tiers, — cinq cent mille individus ; — c’est un contre huit de ceux dont le travail est, comme nous l’avons vu, fourni par les nations agricoles qui se trouvent elles-mêmes forcées de considérer la Grande-Bretagne comme un marché.

Le compte entre ce pays et le globe nous semble s’établir ainsi :

Doit   Avoir
Au travail de quatre millions d’individus employés dans la Grande-Bretagne, et nourris, vêtus et logés par d’autres nations. Par le travail d’un demi-million d’individus, — hommes, femmes, enfants, — employés à la sorte la plus infime des labeurs de conversion.
Au sucre, thé, café, tabac, fruit et autres denrées nécessaires pour la consommation de vingt-huit millions d’individus. Par une petite portion des matières premières fournies.
Au coton, lin, soie, chanvre, bois et autres matières premières nécessaires pour consommation domestique et pour exportation.
§ 9. — Le système anglais taxe les communautés agricoles du globe pour son entretien.

Le changement ci-dessus exposé dans le mouvement de ces deux grandes sociétés est le plus remarquable qui dans l’histoire ait été accompli dans un si court laps de temps. Il n’y a que quarante ans, la Grande-Bretagne entretenait un grand commerce avec le globe, — donnant blé, laine et autres de ses productions sous la forme de drap et de fer contre coton, thé, café, sucre, riz et fruits. Aujourd’hui ce commerce a complètement disparu — pour faire place à un trafic entrepris pour le globe, qui consiste à prendre blé, laine, sucre, café et coton, et à les renvoyer sous forme de filés de laine, de drap et de fer. C’est précisément l’inverse de tout cela que nous trouvons dans le mouvement de la France. Il n’y a que quarante ans, le commerce entier de ce pays avec les nations étrangères ne s’élevait qu’à 500.000.000 francs. Il monte aujourd’hui, comme nous avons vu, à 1.400.000.,000, et il n’a pas perdu son caractère primitif. La France est dépendante pour les matières premières très-peu plus qu’il n’est nécessaire pour mettre ses cultivateurs à même de condenser leurs masses de subsistance, de manière à les expédier à peu de frais au dehors.