une continuité dans la demande de la force qui résulte de la consommation des subsistances ; il en résulte, en même temps, une économie de puissance qui facilite considérablement une nouvelle accumulation de capital.
Ce qu’il en coûte à une société, pour entretenir un individu dans un état d’aptitude parfaite à accomplir des efforts intellectuels ou physiques, est exactement identique, que les facultés de cet individu soient appliquées en effet, ou qu’elles soient perdues. Il faut qu’il se nourrisse, qu’il soit vêtu et protégé contre les intempéries de l’atmosphère, et il doit, conséquemment, consommer une portion de capital qui est ainsi soustraite au fonds commun. Cette portion, toutefois, bien que soustraite et consommée, n’est pas pour cela anéantie, car elle reparaît bientôt, après avoir revêtu une forme plus élevée : le froment, les choux, la chair de porc se sont transformés en un homme, c’est-à-dire en un être fait à l’image du Créateur, et capable de diriger les forces de la nature pour les faire servir à l’accomplissement de ses desseins. La société devient ainsi, de moment en moment, plus riche qu’elle n’était d’abord, pourvu, dans tous les cas, que l’emploi du capital ainsi reproduit, soit dirigé de telle façon, que sa consommation soit par elle-même un acte de reproduction. Le pouvoir que possède l’homme de changer les formes de la matière, de manière à l’approprier à ses desseins, dépasse considérablement les demandes de subsistances de la créature animale appelée homme ; et toute la différence existante, entre la quantité de denrées consommée et la quantité produite, est autant d’ajouté à la richesse de la société même. Chacun des individus qui la composent se trouve, conséquemment, capable d’augmenter considérablement le fonds commun, en remplaçant la quantité de subsistances et de vêtements soustraite par une quantité reproduite plus considérable ; et, qu’il le fasse ou non, il dépend complètement de la demande existante des services qu’il est préparé à rendre. Là où cette demande existe, les sociétés s’accroissent rapidement en richesse et en puissance ; mais, dans le cas contraire, elles déclinent aussi rapidement sous ce double rapport.
Parmi les Sauvages, la demande constante et régulière des efforts humains étant chose inconnue, la reproduction est faible ; et de là vient que, dans cette période de l’état social, se manifeste à un si haut degré la calamité de l’excès de population. À mesure que la