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En Angleterre, tout a différé. Les terres ont été généralement tenues sous des baux exigeant de forts payements en argent, — faute de payer, le tenancier s’exposait à être expulsé, abandonnant au propriétaire tous les avantages des dépenses qu’il avait pu faire. La lourde baisse des prix rendit impossible l’acquittement de telles rentes, et quant aux conséquences, voici quelques faits donnés par M. Caird, qui sont réellement un index pour l’histoire agricole du royaume entier.

« Sept de ces fermes de première classe, toutes contiguës, et ce qu’il y a de mieux dans le comté, fournissent la mention suivante : La première, après une tenue de sept ans, fut abandonnée, offerte au public par la voie d’annonces, et alors relouée à un rabais de 20 %. La seconde, après faillite du tenancier, fut relouée à un autre avec réduction. La troisième, abandonnée par le tenancier, fut relouée à un rabais de 22 %. La quatrième vit son tenancier faillir et fut relouée à un rabais de 13 %. Faillite aussi dans la cinquième, qui passe à un nouveau tenancier. La sixième a été relouée à un rabais de 20 %. La septième a été abandonnée, elle est en ce moment offerte à un rabais de 20 pour %. Ce sont de tristes faits qui mettent en pleine évidence les résultats désastreux où conduit inévitablement la concurrence indûment encouragée par le propriétaire. Les tenanciers sont invités à ajouter ferme à ferme, avec l’idée qu’un homme tenant une ferme sur laquelle il vit, peut fournir une plus grosse rente pour une autre sur laquelle les frais de ménage seront épargnés. Les gens sont induits ainsi à étendre leur tenure bien au-delà de leur capital ; mais tant que le propriétaire voit sa rente s’élever, il ne trouve pas le système vicieux, et peut-être ne se met-il pas en peine de songer aux résultats probables. La bulle crève enfin, et il paie cher sa négligence, ses fermes lui retombent sur les bras durant une période de dépréciation sans précédent. Mais la perte tombe encore plus irréparable sur le tenancier, qui, forcé de quitter pendant une période de transition, sacrifie de 30 à 40 % de son capital, car il lui faut réaliser à tout prix. Les rentes de quelques-unes des fermes en question varient de 1.400 à 2.200 livres par an. Un fermier paie pour ses

    compter les pénalités qui attendent celui qui déplacerait de telles marques, l’opinion publique, — répression encore plus puissante, — flétrit l’homme qui oserait violer ces limites de propriété. (Cité par le Blackwood’s Magazine. Décembre 1855.)