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pures machines, et malgré les impôts de la nature la plus onéreuse. L’économie politique moderne voudrait, cependant, nous enseigner le contraire de tout ceci, en ajoutant aux pertes que cause la guerre ces autres pertes, qui résultent, à ce qu’elle nous assure, de la protection ; et cependant la France prospère, malgré son effrayante centralisation et ses guerres presque continuelles, tandis que l’Irlande meurt à une époque de paix complète, et que le Danemark prospère, dans le même temps que le Portugal et l’Inde expirent. Le système moderne n’offre aucune explication de pareils faits, et il n’en donne et n’en peut donner aucune, parce qu’il ne tient compte de l’homme qu’en le considérant comme un animal destiné à procréer et qu’il faut nourrir, comme un être soumis à la nécessité et non doué de puissance. Avec ce système, le commerce et le trafic sont des idées susceptibles d’échange ; et cependant, ainsi que nous l’avons vu, le dernier n’est que l’instrument employé par le premier dont le développement est, en raison directe de sa dépendance, moindre de l’instrument, qu’il a un si grand besoin d’employer dans les premiers âges de la société. La puissance de l’homme s’accroît avec l’accroissement du commerce, et elle diminue avec la nécessité d’avoir recours aux services du trafiquant. À chaque pas fait dans la première direction, il devient capable de cultiver des terrains plus fertiles et de développer de plus en plus les trésors de la terre ; mais, à chaque mouvement dans une direction opposée, il se trouve de plus en plus contraint d’abandonner les terrains plus fertiles qu’il avait cultivés jusque là et de s’adresser à des terrains plus ingrats, abandonnant aux générations futures les immenses trésors de houille et de minerai que la nature avait placés sous ses pieds. Le système de Colbert tendait à favoriser le commerce, et c’est pourquoi il est demeuré intact au milieu des catastrophes des révolutions.