Chapitre XX.
DES CHANGEMENTS VITAUX DANS LA FORME DE LA MATIÈRE.
Le premier colon, le Robinson de notre île, n’ayant à compter que sur ses bras, est contraint d’épuiser ses forces à parcourir de vastes étendues de terrain pour chercher du gibier ; et ce n’est que par moments qu’il a l’occasion d’appliquer son labeur, même à la simple œuvre de l’appropriation. Toutefois, avec le temps, ayant fabriqué un arc et des flèches, et s’étant ainsi assuré le secours de certaines forces naturelles, il se procure des provisions de subsistances plus amples et plus régulières ; et ce résultat, il l’obtient en retour d’une proportion moindre de son temps et de son travail. Les forces dont il dispose se trouvant ainsi économisées, il peut appliquer une proportion plus considérable de son temps à l’augmentation de son capital, c’est-à-dire à augmenter la quantité de ses flèches, à fabriquer un canot, ou à construire une cabane. Chacun de ces changements se trouvant suivi d’une nouvelle diminution dans les efforts nécessaires pour effectuer les changements de lieu, et d’un accroissement dans les efforts qui peuvent être consacrés à d’autres occupations, il se produit ainsi