Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est à cette déperdition incessante qu’il faut attribuer les faibles progrès faits jusqu’à ce jour par l’agriculture[1]. La puissance productrice réelle du sol demeure sans développement, et c’est pour-

    des machines:et c’est ainsi que se trouve paralysée l’activité commerciale des habitants d’un pays ayant quelques centaines de lieues en longueur et une largeur de dix lieues. (Murray. Un été dans les Pyrénées).
      « D’après la loi française, toutes les richesses minérales de toute sorte appartiennent à la Couronne, et le seul avantage dont jouisse le propriétaire du sol est d’avoir l’option, de refuser l’exploitation de la mine, au taux de redevance fixé par les inspecteurs de la Couronne. Ce n’est souvent, qu’avec beaucoup de difficulté, que l’on en obtient même la permission de creuser un puits sur la propriété de l’individu qui désire entreprendre la spéculation et payer la rente demandée ordinairement, soit une certaine portion du produit brut. Le comte Alexandre de B. a cherché en vain, pendant plus de dix ans, à obtenir cette permission pour une mine de plomb située sur un domaine qu’il possédait en Bretagne. (Quarterly Review, tom. XXXI, p. 408).
      « Les plantations anciennes et nouvelles (de pins) sont soumises à la surveillance de deux directions, celle des eaux et forêts, et celle des ponts et chaussées; et elles sont régies de telle sorte que personne ne peut vendre, même à un acheteur au comptant. Les parties des jeunes forêts qui en ont besoin ne sont pas même éclaircies. L’impossibilité d’acheter du bois, de Sanlac à Verdun (pays qui en manque) fait pour ainsi dire, du volet de la déprédation, une déplorable nécessité. ({{Bowring. Second rapport, p. 133.) Le droit d’Octroi à payer pour l’introduction du vin dans Paris équivaut presque au prix du vin lui-même.

  1. Chez nous (en France), le produit moyen est de 12 hectolitres de froment ou de 10 hectolitres de seigle à l’hectare, semence déduite ; en y ajoutant le maïs et le sarrasin et en répartissant le tout sur le nombre d’hectares ensemencés, on trouve un résultat moyen, pour chaque hectare, d’un peu plus de 6 hectolitres de froment, un peu moins de 3 hectolitres de seigle et un peu plus de 1 hectolitre de maïs ou de sarrasin, soit en tout environ Il hectolitres. En Angleterre, ce même produit est de 25 hectolitres de froment, ou d’un peu moins de quatre quarters par acre, soit plus du double en quantité, et trois fois autant en valeur vénale. Cette supériorité n’est certes pas due, comme on peut le supposer, pour les prairies naturelles et artificielles, pour les racines et, jusqu’à un certain point, pour l’avoine et l’orge, à la nature du sol et du climat, mais à la supériorité de la culture qui se manifeste surtout par la réduction du sol emblavé à l’étendue qu’il est possible de bien mettre en état. L’Écosse et l’Irlande sont comprises dans ces chiffres. Si l’on se borne à la seule Angleterre, on arrive à des résultats bien plus frappants. Ce petit pays qui n’est pas plus grand que le quart de la France, produit seul 38 millions d’hectolitres de froment, 16 d’orge et 34 d’avoine. Si la France produisait proportionnellement autant, elle récolterait, semence déduite, 150 millions d’hectolitres de froment, et 200 d’orge, d’avoine ou d’autre grains, c’est-à-dire le double au moins de sa production actuelle, et nous devrions obtenir beaucoup plus, d’après la nature de notre sol et de notre climat plus favorable aux céréales que le sol et le climat anglais. (Essai sur l’Économie rurale, de l’Angleterre, de l’Écosse et de l’Irlande, par Léonce de Lavergne, Paris, Guillaumin, 1854, in-8o, p. 60-72).