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qualité supérieure n’ont augmenté que de 40 pour cent[1]. Les « contrastes » deviennent ainsi moins marqués, et ceci nous fournit une autre preuve, et la plus concluante, d’une civilisation en progrès.

§ 9. — Accélération constante du mouvement sociétaire.

Plus est intime le rapprochement de prix entre la matière première et le produit achevé, plus est faible, nécessairement, la proportion du produit du travail destinée à payer l’individu qui se charge du transport, le trafiquant, le soldat et toutes les autres classes qui s’interposent entre les hommes travaillant pour produire et ceux qui ont besoin de consommer les produits. Plus ce rapprochement est intime, plus la circulation sera rapide, plus sera immédiate la demande du travail et de ses produits, et plus s’accroîtra le pouvoir d’appliquer les facultés intellectuelles et physiques à l’œuvre de la transformation, en même temps que celui-ci se consacrera, dans une proportion constamment croissante, au travail qui consiste à développer les richesses de la terre, et à augmenter ainsi la quantité des matières susceptibles d’être transformées. La quantité de subsistances a augmenté deux fois plus rapidement que la population ; et cependant l’industrie manufacturière de la France a atteint des proportions tellement considérables, qu’on nous présente son produit comme s’élevant à 4.000.000, 000 de francs (soit environ 800.000.000 millions de dollars[2], ce qui forme probablement le double du produit total de la terre et du travail, il y a cent ans. Le mouvement s’accélère aussi invariablement. Il y a 60 ans, la France n’absorbait que 60 balles de coton ; aujourd’hui, elle en demande quatre cent mille. À cette époque, la valeur totale des soieries n’excédait guère cent millions de francs ; aujourd’hui, elle s’élève presque à quatre cent millions. À cette époque, elle ne fabriquait que peu de fer ; aujourd’hui, elle en fabrique plus d’un demi million de tonnes, chiffre complètement égal à ce qui a été produit en Angleterre il y a trente ans. À cette époque, ses mines ne donnaient que huit cent mille tonnes de houille, aujourd’hui, la quantité dépasse cinq millions ; elle a sextuplé pendant cette courte période. Ce sont là des changements importants ; et toutefois, il s’en

  1. Passy. Systèmes de Culture, p. 56.
  2. Cette somme se rapporte au surcroît de valeur ajouté aux matières premières par les opérations de l’industrie, et ne doit pas s’entendre comme comprenant la valeur des matières mêmes. La somme totale des produits fabriqués, représente 8.000.000.000 de francs,