Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Total de
la population
Population
agricole
Salaire payé
aux agriculteurs
Produit total Laissant pour
le reste de la
population
fr. fr. fr.
1700 19.500.000 15.000.000 458.000.000 1.308.000.000 850.000.000
1840 36.000.000 27.000.000 3.016.000.000 5.025.000.000 2.009.000.000

« On voit, d’après cela, que, bien que les travailleurs soient beaucoup mieux payés, — trois fois et deux tiers de plus qu’en 1700 (ou plutôt parce qu’ils sont beaucoup mieux payés), le reste, qui doit être divisé entre les capitalistes et les classes non agricoles, est plus considérable qu’auparavant ; et qu’ils s’en trouvent également mieux. La population de la France a doublé à trois millions près, tandis que la production agricole a presque quadruplé ; de sorte qu’étant donné une distribution égale, il y a maintenant, pour la consommation de chaque personne, deux fois autant qu’il y avait en 1700. Mais en considérant la distribution, telle qu’elle est maintenant et telle qu’elle était alors, nous voyons que, en même temps que la population non agricole a augmenté de cent pour cent, l’excédant qui reste, après que les cultivateurs ont reçu leur salaire augmenté et leur proportion accrue, s’est élevé de 127 pour cent. Tel est l’état des choses, si la comparaison est faite en argent. Si nous voulons faire l’évaluation en aliments, nous possédons les éléments nécessaires du calcul, puisque nous savons que le prix moyen du blé, à la première époque, était de 18 fr. 85 cent, l’hectolitre, tandis qu’à la dernière, il était de 19 fr. 03 cent., différence de moins de deux cents par boisseau. Si l’on objecte que ces chiffres ne donnent pas la part du propriétaire, en sa qualité de possesseur du sol, et celle de l’homme qui avance le capital sous la forme de semence, d’outils, etc., pour la culture de ce sol, nous répondrons, que la proportion de la récolte qui les paye l’un et l’autre, est moindre qu’autrefois ; si le propriétaire prenait le tout, la part serait moindre que celle obtenue par tous deux en 1700 ; et si, maintenant, il ne reçoit rien en sa qualité de propriétaire du sol, et laisse le tout pour rémunérer, soit lui-même, soit des tiers pour l’emploi du capital autre que la terre, elle est moindre, en proportion, que ce qu’il recevait primitivement pour la jouissance du sol et tous les autres capitaux appliqués à sa culture.