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Nous voyons ainsi, qu’une grande partie de l’augmentation de la valeur monétaire résulte d’un accroissement dans la quantité, et particulièrement d’un accroissement de ces produits encombrants de la terre qui ne supporteraient pas le transport à des marchés éloignés. Une nouvelle portion de cette augmentation résulte de l’augmentation d’utilité d’un grand nombre de portions du produit, utilité qui dérive de l’existence d’un marché rapproché. C’est ainsi que la seule paille de froment est évaluée à 393 millions de francs (soit environ 80 millions de dollars), et la valeur totale de la valeur de la paille de France à 761 millions de francs, ce qui équivaut à 150 millions de dollars, et dépasse la valeur totale de la récolte du coton des États-Unis ; laquelle, d’une façon à peu près exclusive, n’occupe pas une étendue de sol inférieure à dix de nos États, et fournit presque tout le travail de tant de milliers de nos concitoyens.

§ 7. — Changements dans la distribution des produits du travail résultant du pouvoir accru d’association et de combinaison, et de la quantité accrue des utilités produites.

On trouvera l’effet général produit par les changements décrits plus haut, dans le court résumé suivant des documents contenus dans un article étendu, communiqué par M. Moreau de Jonnès. Ce document a été trouvé à l’Annuaire de l’Économie politique et de la statistique pour 1851 (pp. 368-385). Nous l’empruntons à un ouvrage sur lequel nous avons déjà fréquemment appelé l’attention du lecteur [1].

Les recherches remontent à la période de Louis XIV, embrassant une expérience de 158 ans divisés, pour le besoin de la comparaison, en 5 périodes. Les faits condensés en forme de tableaux, se présentent de la manière suivante :

    ficulté n’est qu’apparente. Tous les végétaux dont nous venons de parler sont ceux dont la culture arrive avec le progrès dans l’état de l’agriculture et le développement de l’esprit agricole ; et une grande partie d’entre eux ont été introduits dans les pays d’Europe où on les récolte maintenant. Si Louis XIV eût désiré un plat de pommes de terre bouillies, il l’eut payé aussi cher qu’un plat d’ortolans, à raison du point éloigné dont il aurait fallu les faire venir et des frais de transport qui en seraient résulté. Aujourd’hui qu’elles sont naturalisées et cultivées généralement, elles suivent la même loi que le blé, et d’une façon bien plus sensible ; elles se vendent, lorsqu’elles sont rapprochées d’un marché, à un prix assez élevé pour donner au fermier la plus ample rémunération, et si ce marché est éloigné, une rémunération, tellement faible qu’il n’y trouve que peu, ou point de compensation, pour son travail ou l’emploi de sa terre. Il en est de même à l’égard de tous les produits que nous avons cités plus haut.

  1. Peshine Smith. Manuel d’Économie politique, trad. par Camille Baquet, p. 114.