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Colbert, dans une moyenne d’accroissement annuel de la valeur monétaire des produit de la ferme, qui ne s’élève pas à moins de 100 millions de francs (soit 20 millions de dollars) et dans le total d’un produit annuel dépassant 5.000 millions de francs, en regard de moins de 3.000 millions vingt-sept ans auparavant. La rémunération du travail consacré à l’agriculture avait conséquemment presque doublé, et cependant, le nombre des individus entre lesquelles elle devait se partager n’avait augmenté que dans la proportion de moins de 25 % ; le chiffre de la population s’était élevé de 29 millions à 36 millions.

§ 6. — Augmentation considérable dans la quantité des produits du sol de France.

Dans les faits rapportés plus haut nous trouvons la preuve d’une accélération constante de production, résultant de l’accroissement de population, et d’une activité croissante de circulation, fruit de l’amoindrissement du commerce qui consiste dans la nécessité d’effectuer les changements de lieu.

Jusqu’à présent ces faits n’ont eu rapport qu’à la valeur monétaire seulement ; il n’a pas encore été fait mention de la quantité de choses produites ; et nous devons, conséquemment, invoquer la même autorité, dans le but de constater jusqu’à quel point il faut attribuer le changement, dans la première, à celui qui s’est effectué dans la seconde. En procédant ainsi, voici ce que nous apercevons : tandis que dans la période qui suivit l’expulsion des Huguenots et la décadence des manufactures, la production moyenne des céréales baissa de 8 hectolitres à 7 hectolitres pas hectare, elle s’éleva pendant la dernière période, de 8 hectolitres, chiffre qu’elle accusait en 1813, à plus de 13 hectolitres ; ce qui constitue un accroissement qui n’est pas de moins de 62 1/2 %[1].

Le changement survenu dans la quantité des diverses espèces de subsistances se trouve consigné dans le passage suivant emprunté à un ouvrage moderne d’un grand mérite ; on y voit, que cette quantité a augmenté deux fois plus rapidement que la population, et que, par conséquent, la théorie Malthusienne trouve peu d’appui dans le cours des événements qui ont eu lieu en France.

    n’avait fait qu’un triste marché, en l’échangeant contre la terrible conscription de Napoléon Ier.
    (Alison. Histoire de l’Europe pendant la Révolution et l’Empire, traduite par Paquis, p. 168-170).

  1. Moreau De Jonnès. Statistique de l’Agriculture de la France, page 45.