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terre. L’examen aurait pour résultat de les convaincre que quelque action que puisse avoir le libre-échange sur d’autres pays, leur intérêt propre gagnerait considérablement à ce que tous les pays adoptassent le système attaqué par les économistes qui suivent la voie de Hume et Smith.

Il y a parfaite harmonie des intérêts véritables entre hommes et entre nations, et M. Bastiat a parfaitement raison quand il blâme le mot de Montaigne : « Le profit de l’un est la perte de l’autre. C’est précisément là son idée au sujet des pays producteurs de monnaie, « car il leur dit :

« Plus vous nous envoyez de monnaie, mieux c’est pour nous, car cela nous permet d’avoir plus d’or et d’argent à fabriquer cuillers, fourchettes et couteaux ; mais c’est tant pis pour vous, car nous ne vous donnerons pas plus de drap ou de fer pour ce surcroît que nous ne vous en donnons aujourd’hui pour la petite quantité. Travaillez de votre mieux, soyez industrieux et sages autant que le peuple d’Écosse ; accumulez du capital et améliorez votre outillage autant que vous voudrez, mais n’attendez de cela nul profit ; car nous élèverons nos prix tout autant que vous accroîtrez votre quantité d’argent, — votre surcroît d’effort profitera à nous et non à vous. »

Heureusement il n’y a pas dans tout cela une ombre même de vérité. La monnaie est une partie de l’outillage d’échange qui a tendance forte à augmenter la production, parce qu’elle produit combinaison d’action ; et cela à un si haut degré que les prix des utilités tendent à tomber à mesure que l’offre de monnaie augmente ; — les pays de la terre, producteurs d’or et d’argent, étant ainsi mis à même de participer avec les autres aux profits de leurs propres travaux.

S’ils ne le font pas aujourd’hui et si la condition de la population des pays à mines est en général très-misérable, il faut l’attribuer à ce que le négoce de cette utilité importante a été presque partout soumis à des règlements tendant à diminuer le degré d’utilité du stock déjà accumulé, — augmentant ainsi sa valeur et diminuant le pouvoir de la population d’en acheter davantage et par là d’offrir aux pays producteurs d’or et d’argent de nouveaux stimulants à l’exploitation. Ça été surtout le cas en France et en Angleterre, dont les économistes ont enseigné et enseignent encore