paye des salaires ou une rente, il ne livre point simplement de l’argent, mais un droit à la valeur d’une certaine quantité des produits du pays à prendre au choix. Le prêteur a lui-même, au préalable, acheté ce droit par la cession d’une partie de son capital. » — « Aussi, dit-il, appelle-ton généralement le marché des prêts, le marché d’argent, et le prix de l’usage du capital ou intérêt est non-seulement appelé « intérêt de l’argent », mais par une confusion de mots plus grossière encore, « valeur de l’argent[1]. »
L’erreur contenue dans ce passage porte en elle-même son correctif. Celui qui emprunte ou celui qui reçoit une rente peut « choisir à son gré dans la production du pays. » Il a à sa disposition drap, fer, livres, le service des hommes de toute condition, depuis le pauvre jusqu’au pair. Qui lui donne ce prodigieux pouvoir ? la monnaie et rien autre chose. N’importe ce qu’il posséderait de chapeaux ou d’habits, de machines ou d’acres de terres, ces objets ne lui donneront ce pouvoir qu’autant que la facilité de les convertir en monnaie, soit telle qu’elle serve de garantie à sa promesse de livrer, aux individus qui l’entourent, les différentes quantité des précieux métaux auxquelles ils acquièrent leur droit. La difficulté dans ce cas, avec M. Mill et tous ceux qui ont écrit sur ce sujet, consiste en ce que le pouvoir qu’a la monnaie de favoriser la circulation des services est si grande, — est tellement extraordinaire, — qu’il les induit à s’imaginer que ce sont les services et les utilités qui passent et non la monnaie. Ils pourraient tout aussi bien s’imaginer que ce sont les mots qui passent dans les fils du télégraphe, et non le fluide électrique lui-même. À chaque payement de monnaie, soit par livraison d’espèces — par transport d’un billet au porteur payable à présentation — ou par un mandat sur une banque — c’est la monnaie elle-même qui passe ; — nous avons la preuve que cela est dans ce qui arrive chaque fois que la confiance diminue. La matinée s’ouvre et l’on s’attend partout à des affaires actives, tout le monde se prépare à acheter du drap, du fer, des fonds, des maisons, des fermes. Trois heures après cependant, arrive la nouvelle d’une révolution qui vient d’éclater, — d’une déclaration de guerre, — ou de tout autre
- ↑ Le lecteur voit qu’en ceci il est d’accord avec un éminent économiste français que nous avons cité précédemment.