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cieux. Ils vont aux lieux où leur utilité est portée au plus haut degré. C’est pourquoi nous les trouvons passant du Mexique et de la Californie, où les bank-notes ne sont point en usage, vers le New-England et la Grande-Bretagne, les parties des deux continents où l’on fait le plus usage de tels billets et où les emplois sont les plus diversifiés.

L’expérience du monde est directement contraire à cette théorie du Dr Smith ; et pourtant l’on affirme constamment que les prohibitions de bank-notes sont nécessaires au maintien d’une saine circulation, — la tendance étant toujours, nous assure-t-on, vers l’usage de ce qui est mauvais, de préférence à l’usage de ce qui est bon. Partout ailleurs, cependant, c’est l’inverse qui est le vrai. — Il n’est pas nécessaire de prohiber les mauvaises routes ou les usines médiocres pour assurer la demande des services de bonnes routes ou d’usines et de machines supérieures. La circulation est nécessairement mauvaise dans les pays qui ont contre eux la balance du négoce ; — c’est l’état de choses existant dans tous ceux qui se trouvent forcés d’exporter leur production sous sa forme la plus primitive.

Dans tous, à mesure que les emplois vont se diversifiant, et à mesure que s’accroît le pouvoir d’association, il y a ferme tendance à ce que le médium supérieur d’échange se substitue à l’inférieur ; et par la même raison que les hommes passent du sentier à bon marché et sans valeur de l’Indien au coûteux chemin de fer. Lorsqu’au contraire le pouvoir d’association décline et la production diminue, le mouvement est en sens contraire, — le papier monnaie non remboursable prenant la place des métaux précieux. Les hommes se servent de mauvaises machines, uniquement à cause de la difficulté d’acquérir celle qui est bonne, nonobstant la supposition des économistes, qu’ils ne feraient point usage de bonne monnaie à moins qu’on ne prohibât l’usage de celle qui est mauvaise.

Pour qu’ils aient occasion de se servir de la première, il faut d’abord qu’ils soient aptes à l’acquérir ; ce qui ne se peut, en l’absence de cette diversification d’emplois qui est nécessaire pour donner valeur au travail et à la terre. Le Brésil, avec ses exportations d’or, a une circulation de papier et de cuivre. Buenos-Ayres n’a que du papier, — Mexico a peu de circulation d’aucune sorte, la masse de la population troquant son travail et ses produits pour