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culation, et des crédits sur les livres, pour le rachat desquels ces établissements n’ont pas d’espèces dans leurs caves.

§ 3. — La fermeté dans l’action des banques est en raison directe de leur dépendance du pouvoir de fournir les moyens de civilisation, et en raison inverse de leur dépendance des dépôts. Les banques américaines possèdent plus d’éléments de stabilité que celles de France et d’Angleterre.

Le montant de la circulation d’un pays dépendant des mouvements de sa banque, se trouve dans la circulation et les dépôts, moins la quantité d’espèce retenue en main. La première, comme nous l’avons vu dans l’examen du mode de banque anglais, est une quantité presque constante ; tandis que la dernière tend à changer à chaque hausse et baisse du baromètre politique et financier. — La première, — en même temps qu’elle accroît l’utilité de l’or et de l’argent, en donnant plus grande facilité de transférer leur propriété, — est régie strictement par les besoins mêmes de la population ; car n’importe l’extension qu’une banque puisse être en état de donner à ses prêts, elle n’a pas faculté de forcer le capitaliste au crédit de qui les valeurs sont placées, de les convertir en bank-notes. Il le peut s’il le veut, mais il ne le veut que s’il lui plaît ; et tant que l’option reste à lui, et aux autres qui sont dans le même cas ; le montant de la circulation repose sur lui et eux, et non sur la banque. De là vient que dans la circulation la tendance à la fermeté est si grande.

Quant aux « dépôts, » nous rencontrons précisément l’inverse. — l’accroissement de leur montant dépendant du vouloir des directeurs de la banque qui peut, oui ou non, ajouter aux crédits sur les livres. Chaque surcroît grossit le montant du capital privé dans leurs mains, stérile pour ses propriétaires ; et de là vient qu’il y a si grande tendance à l’instabilité dans les prêts dépendants des dépôts. De plus, la bank-note ne fait que faciliter le transport d’une pièce de monnaie existante, — met une simple pièce à même de faire la besogne qui autrement en demanderait cinq ou dix. Le prêt qui est basé sur un dépôt, double le montant apparent de la circulation, — le pouvoir d’acheter restant au propriétaire réel de la monnaie, en même temps qu’il est exercé, et précisément dans la même étendue, par l’individu à qui la banque l’a prêtée.

Cela étant, la tendance à stabilité et régularité se trouvera exister dans le rapport exact de l’excédant des prêts avec sa base, la circulation ; et vice-versa, la tendance à instabilité se trouvera dans le rapport de cet excédant avec sa base, les dépôts. Admettant ceci comme vrai, — et pour qui aura examiné avec soin les faits déjà exposés il ne peut y avoir doute, — nous allons maintenant étudier