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étant généralement perdu par l’autre. Il en a été ainsi pour la banque d’Angleterre. Quelle que puisse être sa détresse, et à quelque point qu’elle soit obligée de circonscrire ses prêts, elle ne peut exiger au-delà du taux d’intérêt légal. Elle peut donc perdre dans une période ce qu’elle a gagné dans une autre. Aujourd’hui, cependant, ce frein a cessé d’exister. La limitation de ses prêts étant accompagnée d’une augmentation du prix à payer pour l’usage de la monnaie, plus on peut faire que son action contribue à produire ces excitations qui doivent être suivies de resserrements, plus ses dividendes doivent grossir. Sous l’ancien système, ses intérêts et ceux de la communauté étaient toujours en opposition ; aujourd’hui ils le sont doublement. La centralisation est donc en progrès soutenu, et dans cette direction nous trouvons l’esclavage et la mort.

On pourrait presque voir, dans l’octroi de cette permission, l’intention d’offrir à la banque une prime pour l’induire à produire des oscillations dans la circulation, et, par la raison que plus elles se répètent et plus elle fait de profits. Étant une corporation particulière, les intérêts de ses propriétaires exigent des directeurs qu’ils la dirigent de manière à donner le revenu le plus considérable. D’après quoi, quel meilleur système à adopter que celui qui, en enflant les dépôts aux jours où la monnaie va être rendue abondante, permet ensuite à la banque de faire profit, en chargeant intérêt double ou triple, lorsqu’elle a été rendue rare ? On n’a jamais imaginé système mieux calculé pour produire des révulsions, que celui qui a donné à une simple corporation particulière le privilège de régler la circulation, — en même temps qu’elle la force à dépendre entièrement de l’argent emprunté pour remplir sa fonction.

§ 14. — Sur les banques privées d’Angleterre. Leur existence est due au monopole de la banque. Leurs nombreuses faillites.

La politique anglaise, en règle générale, a été opposée à l’extension du principe d’association. Tandis que de grands corps, comme la banque d’Angleterre et la Compagnie des Indes orientales pouvaient obtenir des exemptions des provisions de la loi de société commerciale, non-seulement on les refusa en ce qui touchait les autres associations moins importantes, mais des lois spéciales interdirent la formation de compagnies par actions transférables, ou comptant plus d’un certain nombre de partenaires, quand il s’agissait de négoce de monnaie. De là vint que les affaires de monnaie ont été tellement limitées à des banquiers particuliers, à qui les gens furent forcés de se confier, tandis qu’ils auraient préféré