Telle est la condition du peuple anglais sous l’autorité de sa grande institution de monopole. Il dépend des mesures chanceuses d’un corps de gentlemen, dont pas un n’a jamais été en état d’expliquer les principes sur lesquels il se règle dans l’administration du puissant instrument qu’il concourt à manier. Tous, parmi eux, en leur capacité de propriétaires et de directeurs, ont un intérêt direct à produire des changements dans la circulation, parce qu’en le faisant, ils diminuent la confiance publique et augmentent ainsi la nécessité de s’adresser à leurs caves comme le seul lieu de sûr dépôt.
Le nouveau système n’a point réussi à produire l’effet désiré, — n’ayant donné fermeté, ni dans la quantité de numéraire, ni dans sa valeur. Quelques-uns en ont accusé la loi elle-même ; sur quoi son auteur a prétendu que si la banque eût agi dans l’esprit de la loi de 1844, de pareilles difficultés ne fussent jamais survenues. Disposé à trouver la cause des difficultés « dans l’esprit anormal de spéculation, » il avait bonne disposition à fermer les yeux sur la cause réelle, — le défaut radical de sa propre mesure qui prétendait régler l’action de la grande machine, mais manquait à le faire. Si elle l’eût fait, les directeurs se fussent trouvés eux-mêmes forcés d’agir d’accord à la fois avec la lettre et l’esprit, et il n’y eût pas eu autant de spéculations que l’on vient d’en voir ; si elle l’eût fait, les difficultés qui accompagnent naturellement les mauvaises récoltes n’eussent point été aggravées, comme elles le furent, par la prostration totale du négoce, le renvoi des ouvriers et l’impossibilité d’obtenir des salaires à employer à l’achat à tout prix, des nécessités de la vie.
Le négoce en numéraire n’a pas plus besoin de lois que le négoce en chaussures. Il demande au contraire liberté complète, — car son montant est tellement plus considérable, qu’une intervention qui l’affecte rien que d’un demi pour cent, cause plus de préjudice qu’une intervention qui affecterait de cent pour cent le prix des chaussures[1].
Néanmoins les pénalités, prohibitions, et obligations imposées à ceux qui désirent s’associer dans le but de donner utilité aux mé-
- ↑ Chaque contrat pour achat ou vente de tout article ou propriété implique un contrat pour la livraison d’une quantité de monnaie équivalente au prix. Le montant du négoce en monnaie est donc égal à la somme des prix de tous les articles et propriétés, et de tout le travail vendus.