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rêt ? S’il le fait, il tend à la civilisation. Ce qui nous montre qu’il ne le fait pas, ce sont les fermiers ruinés par les demandes d’énormes rentes dont le payement fut consenti précédemment ; ce sont les taxes qui n’ont point changé, tandis que les prix des subsistances et du travail ont diminué ; c’est l’intérêt hypothécaire qui reste aussi fort lorsqu’il faut le payer en espèces que lorsqu’il fut contracté à l’époque du papier. Les charges à supporter par la terre et le travail ont doublé, au bénéfice des classes, et des classes seules qui vivent du pouvoir d’appropriation ; et c’est toujours là la voie qui mène à la barbarie. Il s’ensuivit que le retour de la paix qui eût dû être salué comme une bénédiction, fut généralement regardé comme une malédiction.

§ 6. — Succession constante d’expansions, de contractions et de crises financières, — dont chacune tend successivement à augmenter le pouvoir de la monnaie sur le propriétaire foncier et le travailleur.

Les opérations de la société cessaient à peine de se ressentir de cette mesure désastreuse, que la banque se mit à recommencer la tentative d’augmenter la quantité apparente du numéraire, et ainsi de raccourcir l’étalon qui mesure les valeurs, tentative préparatoire à un autre retour semblable à la quantité réelle, et ainsi à rallonger l’étalon. Avec la substitution de l’or aux billets d’une livre et avec le rétablissement graduel du crédit des banques de province, sa circulation était tombée de 29.000.000 liv., en 1827, rien qu’à 17.000.000 en 1822. Ici commença un système d’expansion au moyen duquel la partie de sa dette appelée « les dépôts » fut presque doublée, — ayant monté de 5.840.000 liv. à 10.316.000 en 1824. Il y eut donc une apparence générale de prospérité ; et

    l’étalon, de sorte que l’acte de 1819 n’a guère fait que maintenir la circulation au taux où elle était arrivée par des circonstances accidentelles. Cela est vrai. Mais sont-ce des circonstances si, purement « accidentelles » que celles qui ont effectué dans la valeur de la propriété un changement — qui compte par millions de millions ? Ce furent les contractions de la banque qui, après avoir pendant une série d’années travaillé à augmenter la quantité apparente de numéraire à la disposition de la communauté, se trouva elle même dans la nécessité de la réduire à la réelle. Cela ne fut point arrivé si la restauration du vieil étalon n’était point entrée dans les vues du gouvernement qui, par l’acte de 1819, ne fit que sanctionner ce qu’il avait auparavant fait lui-même par le ministère de la banque. En attribuant ainsi « à des circonstances accidentelles » un grand phénomène qui correspond exactement à ceux de 1825, 36, 40 et 47, M. Mac-Culloch fournit une preuve concluante du vice des doctrines dont il est le partisan en matière de monnaie. Mêmes effets ont mêmes causes. Dans chacun des cas, la cause se trouve dans l’existence d’un pouvoir de monopole, dont la valeur non-seulement ne s’altère pas, mais même s’accroît considérablement, lorsqu’on en use de manière à porter préjudice au crédit privé. Centralisation et discorde vont toujours de compagnie.