même privilège. C’est ainsi qu’Henri IV fit des ventes semblables en 1593, les révoqua, sans remboursement en 1698, puis vendit encore de nouveau en 1606. Son successeur, Louis XIII, continua de vendre les titres jusqu’en 1638, puis en 1640 il annula toutes les concessions faites pendant les trente années antérieures. Louis XIV continua ce trafic, vendant et revendant en 1661 les titres qui avaient été annulés en 1640 ; et trois ans plus tard il annula et ré-annula « toutes les lettres, ou confirmations de noblesse qui avaient été accordées depuis 1634[1]. Leur conduite fut encore pire par rapport à la circulation monétaire. Philippe le Bel altéra le titre de la monnaie du royaume plus de cent fois dans le cours de son règne, et jusqu’à treize fois en une seule année. Presque jusqu’à l’époque de la Révolution, ses successeurs imitèrent son exemple, achetant l’or et l’argent à bas prix, et le vendant à un prix élevé ; et fournissant ainsi la preuve, que l’improbité et la bassesse sont pour ainsi dire les compagnes inséparables du pouvoir arbitraire.
Que les souverains d’un pays aussi magnifique se soient vus contraints à l’adoption de mesures telles que celles que nous avons rapportées plus haut. C’est là un des faits extraordinaires de l’histoire ; et cependant il trouve son explication dans la tendance constante du système suivi en France, de donner au trafic la prééminence sur le commerce. À quelques exceptions près, tel fut le but de toutes les mesures adoptées par la maison de Valois, qui, pendant près de trois siècles[2], présida si fatalement aux destinées de la France. Sous le roi Jean[3], on établit de nombreuses douanes à l’intérieur, dans lesquelles on percevait, sur toute marchandise passant d’une province dans une autre, les mêmes droits qui eussent été exigés pour des denrées similaires venant des pays étrangers ; tandis qu’on accordait des privilèges de toute espèce, à des négociants étrangers occupés d’introduire leurs marchandises respectives pour les échanger contre les produits bruts du sol. Le commerce étant ainsi sacrifié au trafic, et les facultés intellectuelles n’étant que faiblement développées, il régnait dans tout le royaume la plus complète ignorance des arts mécaniques les plus simples ; tandis que par