Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/363

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que tandis que, dans l’une, nous voyons s’augmenter la croyance en l’idée que les hommes sont nés pour la liberté, nous voyons dans l’autre un développement parallèle de l’idée que de ceux qui travaillent sont à bon droit réduits à l’esclavage.

Les pays d’Europe où l’or est en afflux et où le prix à payer pour l’usage de la monnaie a tendance à baisser, ont tous adopté le système protecteur introduit en France par Colbert et qui s’y est maintenu jusqu’à cette heure. Cette protection fut spécialement introduite comme une mesure de résistance à la politique d’Angleterre, dénoncée par Adam Smith, — et qui a pour objet d’avilir les produits bruts de la terre tout en maintenant les prix des produits achevés en lesquels ils sont convertis. Plus il y a d’écart entre eux, plus grande est la marge pour le profit du négociant. Plus il y a rapprochement, plus ce profit se resserre. Dans la partie nord de l’Europe continentale les prix vont se rapprochant, et à chaque pas dans ce sens, il y a un surcroît de concurrence pour l’achat des produits bruts de la terre et pour la vente des produits manufacturés, avec diminution constante dans la part du négociant. La France et l’Allemagne font concurrence aujourd’hui à la Grande-Bretagne sur les marchés du monde pour l’achat de la laine, du coton et des chiffons, et pour la vente des cotonnades, des draperies et du papier. Suède, Danemark, Russie et Belgique marchent dans le même sens, — le résultat général se manifestant par le fait que le surcroît de consommation des contrées protégées d’Europe, dans les quinze années dernières, fait une demande pour plus que la moitié du surcroît de l’offre américaine.

Plus les prix des matières premières et des produits achevés se rapprochent, moindre est la part du négociant. Ces prix se rapprochent dans la plus grande partie de l’Europe continentale ; et l’on en voit les conséquences dans le pouvoir décroissant de la Grande-Bretagne, de commander la disposition finale des articles qu’elle reçoit des pays qui consomment ses objets manufacturés, — lesquels représentent uniquement la production brute qu’elle a importée, et non en aucune manière ce qu’elle a produit elle-même’. Sucre, café, thé, fruits, bois de charpente et autres articles, elle les peut retenir ; mais l’or s’échappe de ses mains. La quantité