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l’or, — augmentant d’une manière aussi soutenue, avec un accroissement constant dans le degré de commerce. Avec ce rapprochement a lieu infailliblement une diminution constante dans la proportion des produits de la ferme, nécessaire pour payer les gens employés à l’œuvre de transport et de conversion, et une diminution tout aussi continue du nombre proportionnel d’individus ainsi employés, comparé à la communauté entière. Les faits jusqu’ici présentés par nous prouvent que cette diminution s’opère en France et dans les États du nord de l’Europe. Le blé a monté si fermement en Russie que c’est à peine si ses exportations ont pris le moindre accroissement. L’Allemagne, qui fut jadis le grand exportateur de blé, laine et chiffons, n’exporte plus aujourd’hui que très-peu du premier article et pour les autres sa consommation est devenue telle, qu’elle absorbe non-seulement toute sa production propre, mais doit tirer des autres pays. Il en est ainsi de la Suède et du Danemark, pays qui tous deux importent beaucoup de matières premières de vêtements, pour les combiner avec les subsistances de production domestique, — se mettant ainsi en mesure d’obtenir des approvisionnements d’or.

L’inverse se voit dans tous les pays où le taux d’intérêt va s’élevant, — Irlande, Inde, Turquie, Portugal et États-Unis. De toutes les nations civilisées du monde, ces derniers sont les seuls attachés à la poursuite d’une politique qui cause un déclin continu des prix des matières brutes,—produisant ainsi nécessité constante d’exportation des métaux précieux. Il en résulte que dans les trente-sept années puis ont précédé la guerre de Crimée, le prix de la farine a été en baisse ferme, et que d’une moyenne de 11.60 dollars où il s’était maintenu dans les années de 1810 à 1815, il est tombé à une moyenne de 4.67 dollars dans celles de 1850 à 1852, — que le coton est tombé à un peu plus que le tiers qu’il commandait autrefois, — que le tabac a diminué au moins de moitié, — et qu’aujourd’hui ces articles dépendent des chances et des vicissitudes des marchés étrangers plus qu’à aucune autre époque précédente.

La politique de la France et du nord de l’Europe tend à élever le fermier et à augmenter la valeur de la terre. Celle des États-Unis vise à déprimer le fermier et à détruire la valeur de la terre. L’une tend à réduire le taux d’intérêt, l’autre à le faire monter. D’où suit