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tant celle des pauvres sols originels. C’est aussi le cas, pour les métaux précieux ; leur valeur décline partout à mesure que s’accroît leur degré d’utilité en quelques pays et en quelque temps qu’on les thésaurise, ils perdent leur utilité, et le taux d’intérêt s’élève. Pour réduire ce taux, il n’est besoin uniquement que de les appliquer à leur usage propre, — celui de favoriser ces échanges de services qui constitue le commerce de l’homme avec son semblable.

§ 7. — L’augmentation de la quantité de monnaie tend à favoriser l’égalité parmi les hommes. Phénomènes qui s’observent dans l’Inde, France et Hollande.

Avec l’augmentation de la quantité de monnaie, il y a partout ferme tendance à l’égalisation du prix payé par le pauvre et parle riche pour les services de ce grand instrument d’association. Il y a un siècle, les fonds anglais 3 % étaient plus haut qu’ils ne sont aujourd’hui, et le taux d’intérêt pour ces valeurs était très bas ; mais le taux d’intérêt que payaient les particuliers peu riches était beaucoup plus élevé. De même en France, alors que le gouvernement empruntait à 5 % ; le petit commerce de détail sur les halles de Paris payait à la semaine un intérêt de presque 75 %. C’est de même aussi aux États-Unis. L’homme riche trouve à emprunter à 10 ou 12 %, mais le petit fabricant a peine à emprunter à tout prix ; tandis que le pauvre travailleur s’estime heureux d’obtenir crédit même à cent pour cent. Partout et en tout temps où la monnaie est rare et le crédit en souffrance, règne une grande inégalité. Dès cependant qu’elle redevient abondante, les prix à payer pour son usage tendent graduellement à se niveler — le petit opérateur, s’il a bonne réputation d’exactitude, trouve à emprunter à un taux à peu près, sinon tout à fait aussi bas que son opulent voisin. Avec l’accroissement de richesse, n’importe sous quelle forme, il y a une tendance à l’égalité, qui se manifeste par une augmentation constante de la quote part du travailleur et de l’artisan et une diminution correspondante de celle retenue par le propriétaire foncier ou autre capitaliste, — mais dans aucune des opérations de la vie cette tendance n’est aussi fréquente et aussi clairement manifestée que dans les transactions qui se lient à l’usage de la monnaie — celui de tous les instruments d’échange à l’usage de l’homme, qui rend la plus grande somme de service et au moindre coût.

À chaque surcroît de la quantité de monnaie, il y a aussi diminution de la charge imposée par le capital préexistant. Il est à la