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de population grossi de plusieurs millions. Capital et travail, les choses qu’il s’agit de mettre en mouvement ont augmenté ; mais à côté de cette augmentation, il y a eu exportation constante de l’instrument qui devait servir à produire le mouvement, — et les résultats, aujourd’hui, ne sont que ceux auxquels nous devions nous attendre d’une telle manière d’opérer. L’écoulement de monnaie a causé cet état de choses ; et, pour amener une suspension complète de mouvement, il suffirait uniquement que l’exportation des États atlantiques excédât annuellement du chiffre le plus insignifiant l’importation de la Californie. — Le faible capital nécessaire pour construire un chemin de fer ajoute des millions à la valeur des terres qu’il traverse, parce qu’il produit circulation rapide de leurs produits. Le très-faible capital nécessaire pour construire des usines et des fourneaux, donne valeur à la terre et au travail, parce qu’il crée circulation rapide parmi les produits du travail qui cherchent à s’échanger ; mais la très-minime quantité employée à entretenir l’instrument des échanges de la main à la main, produit des résultats plus grands mille fois, comparés à son montant.

Le capital des États-Unis était presque aussi grand en 1842 qu’il le fût en 1846, et plus grand qu’il l’avait été en 1834 ; et pourtant, dans l’une et l’autre de ces dernières années, la prospérité fut universelle, tandis qu’il y eut large détresse dans la première. De même pour la Grande-Bretagne, dont le capital, en 1847, était presque aussi considérable qu’il l’avait été en 1845, et pourtant la première année présente le tableau d’une détresse presque universelle, qui suit de près une autre année de haute prospérité. La différence, dans ces cas, s’explique par les faits qu’en 1834 et 1846, la monnaie afflua dans les États-Unis, — et par conséquent fut abondante et à bon marché, —de même qu’elle affluait en Grande-Bretagne en 1845, alors que là aussi elle fut à bon marché, tandis qu’en 1842 elle était rare et chère dans un pays, comme en 1847 elle était rare et chère dans l’autre, parce qu’il y avait efflux des deux pays. S’il était possible d’annoncer aujourd’hui, qu’en raison de quelque changement de politique, l’exportation de l’or s’arrêtera, et que la quantité, dans le pays, augmentera parce qu’on y retiendra la production de la Californie, — la monnaie aussitôt deviendrait abondante et à bon marché, — la circulation reprendrait, et la prospérité régnerait dans le pays ; et pourtant la différence,