coton ou du sucre, du tabac ou du blé, il n’y a point de demande adressée à leur goût ou à leur intelligence ; tandis que celui qui vit dans le voisinage de Londres ou de Paris cultive des fruits et des fleurs, des choux-fleurs et des ananas, et trouve dans une rémunération constante de ses travaux un stimulant convenable pour l’emploi de ses diverses facultés.
La tendance immédiate du système sous l’empire duquel de pareils résultats ont été, et sont encore, produits, est de donner lieu à une énorme déperdition de capital, en annulant la demande des services de l’homme, en empêchant toute autre demande que celle de la simple force brutale, en épuisant la terre elle-même, en interdisant l’acquisition des machines, en repoussant les individus, des sols fertiles des vallées vers les sols ingrats des hauteurs ; et de diminuer ainsi la quantité des denrées produites, tandis qu’elle augmente celle des non-producteurs avec lesquels il faut les partager, manière de procéder qui, de toutes est la mieux faite pour produire le fléau de l’excès de population.
De tous les systèmes que l’on a jamais imaginés c’est un des plus funestes pour l’intelligence, la morale et la vie ; aussi voyons-nous toutes les sociétés soumises à son influence disparaître peu à peu et cesser d’exister ; et il est probable qu’avant qu’un autre siècle se soit écoulé, elles auront à peine laissé après elles aucun témoignage qui atteste, que les terres qu’elles ont occupées aient jamais été les demeures d’hommes civilisés et heureux.
Les idées que nous venons de présenter ainsi peuvent maintenant se réduire aux propositions suivantes dont la vérité se trouvera confirmée par l’examen le plus scrupuleux de l’histoire du monde :
I. Dans les premiers âges de la société, lorsque la population est faible et que la terre est abondante, la proportion d’efforts humains nécessaire pour se procurer les choses nécessaires à la vie est considérable, mais la quantité de ces mêmes efforts employée réellement à cet effet l’est peu, la plus grande partie de la puissance productive du travail étant perdue, à raison de la peine consumée à opérer des changements de lieu ou de forme à l’égard des denrées que la terre fournit ; en conséquence de ce fait, l’homme périt faute de subsistances.