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était tout à fait une rareté ; aujourd’hui on les fabrique par millions. Il y a un quart de siècle, l’or, dans la reliure d’un livre, était un luxe extraordinaire ; aujourd’hui la reliure des livres emploie des tonnes d’or. Il en est ainsi partout, — l’or et l’argent entrant de plus en plus dans l’usage, à cause de la facilité accrue avec laquelle ils s’obtiennent ; tandis que tous les articles nécessaires pour les fins du mineur ont constamment baissé de prix. « Tout est désaccord, l’harmonie échappe à l’entendement, » nous assure-t-on, et plus nous étudions les lois de la nature, plus les preuves deviennent concluantes que l’harmonie existe.

§ 10. — L’usage des billets de circulation tend à diminuer la valeur des métaux précieux, en même temps qu’il accroît leur utilité. Tous les articles allant aux lieux où ils ont leur plus grande utilité, l’usage de ces billets doit favoriser l’influx de ces métaux. Exemples fournis par l’histoire.

L’usage des banks-notes tend cependant, nous dit-on, à amener l’expulsion de l’or. Le fait, s’il existait, serait en opposition à la loi générale en vertu de laquelle tous les articles tendent vers les lieux, et non pas des lieux où ils ont le plus haut degré d’utilité. Une banque est une machine pour donner utilité à la monnaie, en mettant À et B et C à même de se servir d’elle, alors que D, E et F, qui en sont les possesseurs, n’ont pas besoin de ses services. L’établissement de ces institutions, dans les villes d’Italie, de Hollande et d’autres pays, a toujours eu pour effet direct de faire affluer la monnaie vers ces villes, et par la raison que là son utilité est portée au plus haut degré. Même alors cependant il y avait des difficultés attachées au changement de propriété de la monnaie déposée à la banque ; — le propriétaire devait se présenter au comptoir, et écrire de là aux autres parties. Pour obvier à la difficulté, et augmenter l’utilité de la monnaie, on finit par autoriser ses propriétaires à tirer des mandats, dont ils purent transférer la propriété sans sortir de chez eux.

Restait cependant cette difficulté que — les particuliers n’étant pas généralement connus, — de tels mandats n’effectuaient d’ordinaire qu’un seul transfert, — avait-on de la monnaie à recevoir, on prenait possession de celle qui vous était transférée, après quoi, on avait à son tour à tirer un bon lorsqu’on désirait effectuer un autre changement de propriété. Pour obvier à l’inconvénient, on inventa des billets de circulation, ou billets au porteur au moyen desquels la propriété de la monnaie se transmet avec une rapidité telle, qu’une simple centaine de dollars passe de main en main cinquante fois en un jour — effectuant des échanges, peut-être pour plusieurs milliers de dollars et sans que les parties soient jamais