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les maîtres de la moderne économie politique — que l’unique effet d’une augmentation de l’approvisionnement d’or et d’argent « est de faire monter le prix des utilités, et d’obliger chacun à donner plus de ces petites pièces jaunes ou blanches, en payement de chaque chose qu’il achète. » Si la chose était exacte, ce serait presque un miracle de voir toujours la monnaie, un siècle après l’autre, passer dans la même direction — aux pays qui sont riches de ceux qui sont pauvres, et de plus, tellement pauvres, qu’ils ne peuvent réussir à en garder la quantité absolument indispensable pour leurs propres échanges. L’or de la Sibérie quitte une terre où il y a si peu de circulation que le travail et ses produits sont au plus bas prix, pour trouver sa voie vers Saint-Pétersbourg où il achètera beaucoup moins de travail et beaucoup moins de blé ou de chanvre qu’il eût fait au pays ; et celui de Caroline et de Virginie, va fermement et régulièrement, d’année en année, aux pays où la population de ces États envoie son coton et son blé, en raison des plus hauts prix auxquels ils s’y vendent. L’argent du Mexique et sa cochenille voyagent ensemble vers le même marché ; et l’or d’Australie passe en Angleterre sur le paquebot qui porte la laine fournie par ses troupeaux.

Chaque surcroît au stock de monnaie, à ce que nous assurent les personnages ingénieux des temps modernes, occupés à compiler des tableaux de trésorerie et des rapports de finances, fait d’un pays, une bonne place pour y vendre, mais une mauvaise pour y acheter ; et comme l’objet du négociant est d’attirer les acheteurs, sa théorie le conduit à croire que moindre sera l’approvisionnement de monnaie, plus son négoce augmentera. À quel pays cependant les hommes ont-ils le plus recours lorsqu’ils veulent acheter ? Ne se sont-ils pas tout récemment adressés presque exclusivement à la Grande-Bretagne ? Certainement oui ; et par la raison que c’était là que les articles achevés étaient fournis à bon marché. Où ont-ils été pour vendre ? N’est-ce point en Angleterre ? Oui certainement et par la raison que c’était là que l’or, le coton, le blé et toutes les denrées brutes de la terre étaient chères. Où tendent-ils le plus aujourd’hui à aller lorsqu’ils désirent acheter des étoffes et des soieries ? N’est-ce point en France et en Allemagne ? Certainement oui ; et par la raison que c’est là que les matières brutes sont le plus cher et les produits achevés le meilleur marché. L’or