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l’homme ; et c’est pourquoi nous voyons les populations pauvres et disséminées de la terre, lorsqu’elles se livrent au travail, s’occupant presque exclusivement d’effleurer pour ainsi dire la surface du sol, pour y chercher leur subsistance. Ils consument ainsi la plus grande partie de leur temps et de leur intelligence, et cet état de choses doit se perpétuer, jusqu’au jour où, à l’aide de l’association et de la combinaison de leurs efforts actifs avec leurs semblables, ils pourront économiser l’un et l’autre. Plus la déperdition est considérable, plus est faible le pouvoir de consommer les produits du sol, et moins est grande la valeur de l’homme ; moins est grand son pouvoir d’accumuler les instruments avec le secours desquels il peut développer les ressources de la terre, et plus est considérable, nécessairement, la proportion qui s’établit entre les individus qui transportent, vendent et transforment les denrées, et la masse des autres individus dont la société se compose.

Si nous étudions maintenant le mouvement sociétaire dans tous les pays en décadence, dans les temps passés et les temps modernes, nous voyons qu’il a été tel que nous le montrons ci-dessous, et qu’il est précisément l’inverse de celui qui se manifeste dans toutes les sociétés qui progressent en richesse et en population.

I II III IV V VI VII VIII IX
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I. Déperdition du travail, ou emploi
de celui-ci à opérer des
changements de lieu.
10 20 30 40 50 60 70 80 90
II. Travail d'appropriation. 12 12 12 11 11 11 10 10 10
III. Travail de transformation. 22 20 18 17 15 13 12 10   0
IV. Travail qui consiste à développer
les ressources de la terre.
56 48 40 32 24 16   8   0   0
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100 100 100 100 100 100 100 100 100

Telle est la route qui conduit de la civilisation à la barbarie, et que parcourent aujourd’hui dans le monde les sociétés où le trafic acquiert de la prépondérance aux dépens du commerce. À chaque période successive, la quantité de denrées obtenues devient moindre qu’elle n’avait été antérieurement, et à chaque période, il y a un accroissement dans la différence, entre les prix des produits bruts de la terre et ceux des denrées nécessaires aux besoins de l’homme, ainsi qu’on le verra ci-dessous :