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tretien et l’amélioration de leurs pouvoirs physique, moral et intellectuel, avec accroissement quotidien de leur aptitude à commander l’aide des grandes forces naturelles placées à leur service par la bienveillante Providence.

Plus cette aptitude est grande, plus doit s’accroître la tendance vers l’élévation de prix de la terre et du travail et des produits bruts des deux, — vers une égalité dans les prix des utilités qui sont le plus et celles qui sont le moins achevées, — et vers un rapprochement dans le caractère des livres, vêtements, mobiliers et demeures des différentes classes de la société ; et plus augmente le pouvoir d’entretenir commerce avec les pays producteurs et ceux non producteurs des métaux qui constituent la matière première de monnaie.

Pour preuve de la vérité de ces propositions, que le lecteur jette les yeux sur les communautés avancées du monde. À l’époque où le paysan français aurait dû donner un bœuf pour une rame et demie de papier, le prix du vin était beaucoup plus haut qu’à présent ; — les pêches étaient hors de prix, — les végétaux supérieurs aujourd’hui en usage étaient tout à fait inconnus ; — un morceau de sucre raffiné, une tasse de thé ou de café était un luxe digne des rois seulement, — et une aune de toile de Hollande s’échangeait pour l’équivalent de 60 francs[1]. Aujourd’hui le prix de la viande a prodigieusement augmenté, et le travailleur rural est mieux payé, et il en résulte qu’avec le prix d’un bœuf, le fermier peut acheter du vin meilleur que n’en buvaient les rois ; — qu’il peut se procurer non-seulement du papier, mais des livres et des journaux ; — peut manger des abricots et des pêches ; — que sucre, thé, café sont devenus des nécessités de la vie, — et qu’il peut avoir une provision de linge, qui jadis eût à peu près suffi pour la maison entière d’un noble personnage. Tels sont les résultats d’un accroissement de la facilité d’association et de combinaison parmi les hommes ; et si nous cherchons l’instrument auquel ils sont le plus redevables du pouvoir de combiner leurs efforts, nous devons nous adresser à celui qui a reçu le nom de monnaie. Cela étant, il devient important de déterminer les circonstances sous l’empire desquelles le pouvoir de commander l’usage de ces instruments augmente, et celles sous lesquelles il décline.

  1. Leber. Fortune privée du moyen âge, p 32.