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autant de services que les premières pour produire les denrées et épargner le travail. » Les choses ne se passent pas ainsi quant au sol. Les terres de première qualité, dit-il encore, sont promptement épuisées, et il est impossible d’appliquer le capital indéfiniment, même aux meilleurs terrains, sans éprouver constamment une diminution dans les produits qu’ils rendent[1]. »

S’il en était ainsi, le pays qui serait le plus en progrès serait toujours celui où les attractions du commerce et de l’industrie seraient le plus considérables et où celles de l’agriculture le seraient le moins ; et la perfection de la richesse et de la puissance se trouverait dans l’abandon de la culture, et la concentration de toutes les populations dans les rues étroites, les maisons et les caves malsaines de villes telles que Londres, Liverpool, Manchester et Birmingham, assertion positivement contraire à celle qui a été soutenue par Smith. Heureusement la vérité se trouve dans une direction aussi complètement opposée à celle-ci, que le sont les faits réels relatifs à l’occupation et à la colonisation de la terre, par rapport aux faits imaginaires supposés par M. Ricardo et appuyés par tous ceux qui l’ont suivi. Les limites de la bonté de la nature se trouvent promptement dans le travail manufacturier, par cette raison que, quelque nombreux que puissent être les fuseaux, les métiers ou les machines qui les mettent en œuvre, ils sont complètement inutiles tant que la terre n’a pas accompli son œuvre en fournissant le coton, la laine ou la soie qu’il s’agit de filer ou de tisser ; et ce qui prouve qu’il en est ainsi, c’est l’excessive préoccupation des manufacturiers anglais par rapport aux récoltes de coton que fournit le sol de l’Inde et de l’Amérique. C’est la puissance de la terre qui, au contraire, n’a point de limites. Son trésor regorge des matières premières des subsistances et des vêtements, et tout ce qu’elle demande à l’homme, c’est de venir les prendre. « Laboure profondément, lui dit-elle, et ta récolte sera doublée. Étudie la nature, et tu seras plus sûrement garanti contre les fléaux de la sécheresse ou de la pluie, de la gelée ou de la nielle. Pénètre jusqu’au fond des entrailles de la terre pour en arracher la houille et le minerai, et tu te procureras des instruments à

  1. Mac Culloch. Principes d’économie politique, trad. par Augustin Planche. p. 195-196.