serviraient à un tel accroissement du pouvoir effectif de tout le Sud n’irait pas à deux % du chiffre de la population[1].
À défaut de ces esclaves de bonne volonté, — esclaves qui travailleraient sans réclamer nourriture, vêtement, logement, — le peuple de plusieurs États du Sud cherche aujourd’hui à ouvrir la traite d’esclaves africains comme moyen d’obtenir l’approvisionnement de travail[2]. Engagés dans la voie des économistes anglais, ils sont partisans de ce qu’on appelle le travail à bon marché, et pourtant les fins qu’ils se proposent d’atteindre sont bien différentes. Le fabricant anglais désire que le coton soit à bon marché et l’étoffe chère ; et plus l’écart se prononce entre les prix des matières brutes et de l’utilité manufacturée, plus il fait de profit ; mais plus s’accélère la marche vers la barbarie pour ceux qui fournissent le coton. D’où suit que la population des Indes orientales et occidentales va de jour en jour tombant de plus en plus dans l’esclavage, bien qu’on l’ait rendue nominalement libre. D’où suit aussi que la traite du coolie s’étend si vite et que la traite domestique des États-Unis prend de si larges proportions. — Le planteur demande que le
- ↑ Le lecteur a déjà vu que le chiffre des individus occupés dans la Grande-Bretagne à fournir la force et à entretenir et augmenter son outillage à vapeur, est au-dessous de 100.000 et que la force fournie est égale à celle de 600.000.000 d’hommes.
- ↑ « Le mal de l’esclavage est dans le manque d’esclaves. Nous nous aventurions hier à appeler de nouveau l’attention de nos lecteurs sur le sujet de la traite d’esclaves, et aujourd’hui nous donnerons quelques autres aperçus sur cette question. — Nous n’avons nul doute que tout le mal évident de l’esclavage est dans le manque d’esclaves, et c’est pour démontrer l’exactitude de cette assertion que nous écrivons le présent article. Le travail de notre pays a toujours eu pour tâche de couvrir un territoire qui va s’étendant sans cesse, la mise en culture d’un domaine aussi immense était assez et plus qu’assez pour les capacités de toute notre population, et il ne nous en restait plus la moindre à jeter dans les poursuites collatérales ; aussi dans les poursuites collatérales sommes nous restés en arrière. Mais si l’on eût permis au travail esclave de continuer, alors, sans effort surnaturel, nous eussions avancé sur l’Ouest, ou si, sans nous élargir à l’ouest, notre travail eut été localisé et forcé d’agir sur lui-même et dans une sphère restreinte, nul doute que dans chaque branche d’amélioration nous égalerions aujourd’hui tout peuple quelconque et nous aurions devancé le Nord et l’aurions mis hors de cette lutte. (Charleston Standard). — Ces italiques sont celles du journaliste. Les capitales sont mises par nous pour appeler l’attention du lecteur sur le fait que la difficulté s’est produite de la manière par lui décrite. Si l’usine à coton eut été amenée auprès de la plantation — si le travail eut été localisé — et s’il lui eut fallu fonctionner dans une sphère restreinte, — l’agriculture eût passé à l’état de science, et les hommes eussent de jour en jour gagné en liberté.