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ment au fermier et au planteur. La quantité totale de subsistances exportée pour le monde entier, dans les années de 1850 à 1852, n’équivaudrait pas, répartie également sur la population de France et d’Angleterre, à cinquante cents par tête. Chaque homme importé de France ou d’Angleterre, d’Allemagne ou de Suède, devient pour le fermier un client rien que pour les subsistances, de cinquante dollars par tête, et l’accroissement de demande pour le planteur, — résultat de ce changement de lieu, — est dans un rapport très peu plus faible. Un travailleur amené ici vaut mieux pour le fermier que cent hommes travaillant pour lui dans les ateliers de Lyon ou de Manchester. Une importation d’un demi-million d’hommes agit plus sur la demande pour lui et sur l’élévation de ses prix, que ne fait toute la population de l’Angleterre et de la France réunie.

Les utilités tendent toutes à aller de la localité où elles sont à bon marché à celles où elles sont chères. Les faits que l’immigration augmente dans les périodes de protection et qu’elle diminue dans celle du système opposé sont donc concluants pour leurs effets respectifs sur la condition du travailleur.

§ 16. — La cause finale de la détérioration politique et morale dans l’Union se trouve dans la poursuite d’une politique qui épuise le sol et détruit la valeur de la terre.

La cause finale de tous les phénomènes sur lesquels nous avons appelé l’attention du lecteur et dans lesquels il faut chercher les preuves de détérioration et de déclin, se trouve dans l’épuisement constant du sol et la dispersion constante de la population. Les hommes se civilisent d’autant mieux qu’ils se rapprochent davantage, ils tournent à la barbarie d’autant plus qu’ils se séparent. « Il n’est pas bon, nous est-il enseigné, que l’homme vive seul. » Et s’il était besoin d’une preuve, les tristes faits qui se passent aujourd’hui dans les vastes régions de l’Ouest, viendraient à l’appui. Le remède à tous serait dans l’adoption d’un système tendant à maintenir et à améliorer les pouvoirs de la terre et à utiliser les forces diverses que la nature fournit à l’usage de l’homme. Les eaux du James et du Potomac feraient plus d’ouvrage que n’en peuvent faire tous les esclaves de Virginie ; il en est de même pour les cours d’eau de Caroline et Géorgie, Alabama et Mississippi comparés avec le pouvoir-travail qui y trouve emploi. Les gisements houillers de Caroline pourraient faire plus d’ouvrage en un an que n’en ferait toute la population de tous les États du sud en un demi siècle. Et le chiffre des individus qu’il faudrait pour extraire la houille, fondre le minerai, faire les machines et bâtir les usines qui