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cuivre, extraite des mines, et celle de l’outillage et de vêtement fabriqués, plus sera considérable la quantité à offrir en échange pour les subsistances et les autres matières brutes, — plus il y aura tendance à une agriculture savante et à la culture des sols de qualité supérieure, — plus sera considérable le produit du travail agricole, — et plus il y aura tendance à l’élévation du prix des utilités qu’a le fermier à vendre. Comme preuve, il nous suffit de considérer le cours des choses en Russie, France et Allemagne du Nord, tous pays où, le lecteur l’a vu, la hausse de prix de la subsistance a tenu pied au développement des arts mécaniques et des améliorations dans les procédés de culture. Voulons-nous une preuve de plus, nous l’obtenons en jetant les yeux sur les pays non protégés, et par conséquent non manufacturiers : — Irlande, Inde et Turquie, — tous pays qui abondent en métaux qu’on pourrait extraire, et en combustible dont on pourrait se servir, — et qui présentent le déclin graduel de l’agriculture, l’abandon soutenu de la terre et le déclin dans le prix des utilités produites.

Dans les premiers, la dépendance du marché lointain pour le fermier va diminuant constamment. Dans les derniers, elle augmente d’une manière aussi soutenue. Dans les premiers, l’homme devient de plus en plus le maître de la nature et de lui-même. Dans les derniers, il devient de plus en plus esclave de la nature et de son semblable. — Si nous considérons les États-Unis, nous trouvons leur première manifestation d’indépendance dans les dernières années du tarif de 1828, alors que le prix des subsistances resta pour plusieurs années sans être aucunement affecté, par le changement extraordinaire sur les marchés anglais[1]. Dans les vingt années qui suivirent, il n’y en eut que quatre de protection ; et pour résultat, la dépendance du marché lointain alla en accroissement soutenu, avec déclin constant des prix de la farine, du blé, du tabac, jusqu’à ce que, dans la période qui précède immédiatement la guerre récente, ils tombèrent à un taux jusqu’alors inconnu. Tout bas que furent les prix, la quantité de subsistances qui parvenait à trouver un marché étranger était si peu de chose qu’il eût suffi pour l’absorber d’un surcroît de consommation domestique d’un peu moins d’un dollar par tête. Le travail — physique et intellectuel

  1. Voir précéd., p. 129.