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industriels vont graduellement, mais fermement s’écartant l’un de l’autre, et le rendement de leur terre va aussi fermement décroissant, d’où il suit que ces communautés déclinent en richesse, force, pouvoir et civilisation. En Allemagne, Danemark, France et Russie, les prix se rapprochent fermement, d’où suit que ces pays croissent fermement en richesse et civilisation. Aux États-Unis, ainsi que nous avons vu, les prix vont s’écartant ; d’où il suit que le pays offre tant de ces phénomènes qui, partout ailleurs, ont caractérisé l’approche de la barbarie.

§ 10. — Dans tous le pouvoir de consommation segmente comme une conséquence du rapprochement des prix qui s’y manifeste. Diminution de ce pouvoir aux États-Unis.

Plus se rapprochent les prix du blé et de la farine, plus le fermier acquiert pouvoir de consommer du pain. Plus se rapprochent les prix du coton et de l’étoffe, plus le planteur de coton acquiert pouvoir d’acheter l’étoffe ; et moins il faut donner de coton et de blé pour payer une tonne de fer, plus le fermier et le planteur acquièrent pouvoir d’acheter l’outillage et le fer dont il est composé. Le pouvoir de consommation est la mesure du pouvoir de production, et quand nous connaissons l’un, nous pouvons calculer l’autre. Le pouvoir de consommer le fer s’accroît rapidement en France et Allemagne, Danemark et Suède, Espagne et Russie — les pays protégés de l’Europe. Il décline dans tous les pays non protégés du monde ; et cela parce que dans eux tous les matières brutes sont à bon marché, et les produits manufacturés sont chers.

Venons aux États-Unis, nous trouvons que la consommation de fer par tête, a plus que doublé dans la période protectrice de 1824 à 1834 — qu’elle a décliné dans la période du libre échange qui finit en 1842 ; — qu’elle a augmenté de 150 % dans la période protectrice de 1842 à 1847 — et qu’aujourd’hui, à la fin de la première décade du système actuel, elle n’est pas plus considérable que dans les années primitives[1].

Quant au coton, nous trouvons une consommation qui s’est accrue de 50 % dans la période de 1822 à 1834 — qui a été stationnaire de cette époque à 1842 — qui a presque doublé entre 1842

  1. Avant 1824, elle était au-dessous de 20 livres par tête. En 1834, elle était près de 50. En 1842, elle était au-dessous de 40. Cinq ans après, en 1847, elle était moins de 100. Neuf ans après, en 1856, elle n’avait pas augmenté, malgré l’importation de quantités considérables en échange des obligations de chemins de fer. Le pouvoir de consommation, résultant du pouvoir de la payer, est donc moindre aujourd’hui qu’à l’époque où fut passé l’acte du mois d’aoùt 1846.