Telle est la tendance de pensée et d’action dans tous les pays qui vont tombant dans la sujétion du pouvoir trafiquant. Telle elle doit être toujours ; et par la raison que, dans l’accroissement de ce pouvoir et l’accroissement qui suit de la différence entre les prix des denrées brutes et des utilités achevées, je trouve toujours la preuve la plus concluante d’une civilisation en déclin. Que telle était la tendance du système de la Grande-Bretagne, cela était aussi clair que du temps d’Adam Smith ; mais cela devient encore plus clair chaque année. Les enseignements des journaux de Londres et de ceux de la Caroline sont devenus identiques, — ces journaux désirant dans les deux pays prouver l’avantage à résulter d’avoir tous les mouvements de la société dirigés à maintenir « suffisamment le travail sous la domination du capital[1]. »
La paix et l’harmonie sont les compagnes du développement de commerce. L’accroissement de pouvoir du trafic apporte avec lui la discorde, la guerre et la dévastation : et ce qui nous montre que telle est la tendance de la politique de l’Union américaine, c’est que ses parties nord et sud vont s’aliénant de plus en plus l’une de l’autre. Il y a un siècle, les hommes de Virginie et ceux de Massachusetts s’unissaient pour expulser l’esclavage des territoires de l’Union ; aujourd’hui les plaines du Kansas sont humides du sang d’hommes engagés dans une guerre civile, pour décider la question si les vastes régions de l’ouest seront ou non souillées par le maintien de l’esclavage humain. Cette guerre est une conséquence nécessaire de l’épuisement constant du sol et de la dispersion des hommes qui s’en suit. Aussi longtemps que des restrictions[2] artificielles
- ↑ Voir précéd. vol. 1, p. 229. Le passage suivant d’un journal anglais, récent et influent, montre que le changement dans les opinions sur les relations du travail et du capital a été suivi d’un changement non moins grand au sujet du gouvernement et du peuple ; et qu’ainsi les résultats de la centralisation sont partout les mêmes. — « Un gouvernement despotique, renforcé d’une armée sur pied, bien qu’il répugne à nos idées, a du moins le mérite d’une chose d’intelligence et pratique. C’est la politique du vouloir d’un seul, renforcé d’un instrument passif qui ose autant qu’il a été dit et pas davantage. Plusieurs nations ont vécu heureuses sous ce régime, et un plus grand nombre le croient, car il y a comparativement bien peu d’individus en état de se gouverner eux-mêmes. En réalité, lorsqu’il est mis en pratique avec intelligence et dans un esprit bienveillant, un régime absolu est libre de cette foule d’inconvénients qui sont inhérents au régime constitutionnel. » — Morning Post.
- ↑ La grande ordonnance de 1787, et le compromis du Missouri.