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haussant en prix, comparés à la farine et au coton, — que les fermiers, en général, sont pauvres, — qu’à chaque année successive la terre s’épuise de plus en plus vite, — et que le pays donne tant d’autres preuves de civilisation en déclin.

§ 3. — Le développement de commerce met le fermier en état de passer de la culture des sols pauvres aux sols riches. La politique américaine le restreint aux sols pauvres uniquement.

Le commerce met le fermier en état de passer des sols pauvres aux sols riches, en s’aidant pour le défrichage et le drainage des basses terres, de l’expérience et de l’outillage acquis en cultivant les terres situées plus haut. C’est le premier pas qui toujours coûte le plus, et ceci est vrai en agriculture et en industrie, pour l’individu et pour la communauté. Dans l’histoire des États-Unis, cependant, nous ne trouvons qu’une succession de pareils pas, avec une déperdition de pouvoir dont l’étendue échappe au calcul. Ferme après ferme, État après État sont défrichés, occupés pour être à la fin en partie abandonnés. Les usines succèdent aux usines, les fourneaux aux fourneaux, — minant, dans une succession rapide, ceux qui se livrent à ce genre d’entreprise. Maître et ouvriers dépensent des années à acquérir de l’habileté—le tout pour être rejetés au hasard, en quête, dans les forêts de l’ouest, de la nourriture et du vêtement qui leur ont été refusés dans les terres déjà cultivées de l’est. Aucun pays civilisé du monde ne présente une telle dissipation de capital, et tout cela parce que la politique du pays est dirigée vers l’agrandissement du trafic aux dépens du commerce.

§ 4. — Le développement de commerce tend à accroître le pouvoir du travail sur le capital. La politique américaine donne au capital plus de pouvoir sur le travail.

Le développement du commerce tend à élever le travailleur et le petit capitaliste au niveau du grand. L’accroissement de suprématie du trafic tend à abaisser le petit capitaliste au niveau du journalier. L’un est la preuve de civilisation qui avance, l’autre de déclin en richesse et en pouvoir. L’histoire de l’Union n’est que le mémorial de la ruine des petits fermiers et petits industriels dont la propriété a été sacrifiée, à moitié du prix coûtant, pour le bénéfice des trafiquants vis-à-vis de qui ils ont été forcés de s’endetter par le retour constant des temps d’arrêt dans la circulation sociétaire.

Le commerce tend à donner aux travaux du présent un surcroît d’empire sur les accumulations de passé. Le trafic tend à produire l’effet inverse. Dans les périodes de protection, l’argent a été à bon marché et le travail a été demandé. Dans celles où la protection a été retirée, le prix de l’argenta monté graduellement, tel-