Plus le sol va s’enrichissant, plus augmente son pouvoir d’attraction, plus s’accélère le développement de commerce, et plus les tendances de l’époque sont vers la civilisation. Plus il va s’appauvrissant, plus augmente son pouvoir répulsif, plus se ralentit le développement de commerce, et plus rapide est le déclin de civilisation. Dans notre pays, comme nous l’avons vu, le pouvoir attractif du sol diminue et les hommes presque partout vont se fuyant les uns les autres comme ils fuiraient la peste ; — reproduction des énormes émigrations des temps barbares de l’Europe, et preuve concluante d’un déclin de civilisation, de richesse, de force et de pouvoir. Quels sont les phénomènes secondaires par lesquels se manifeste cette décadence et quelle influence exercent-ils sur la société ? Nous allons le rechercher.
Au retour de la paix en 1815, la terre avait un prix élevé, — grâce à un marché domestique existant déjà pour le plus important de ses produits. La protection étant interrompue, ce marché disparut, le résultat se manifeste, six ans après, par la ruine universelle des fermiers ; partout des actions en justice, — des hypothèses forcloses, — les ventes par le shérif se multipliant au point qu’il fallut dans les États agricoles, rendre des lois pour suspendre l’exécution des arrêts des tribunaux ; — et la terre tombant au quart du prix auquel elle se vendait sept ans auparavant. Les ventes de terres publiques et leur revenu a triplé dans la période de 1814 à 1818-19, — multipliant ainsi le nombre des fermiers au moment où le marché pour leurs produits allait disparaissant, — et préparant ainsi la voie pour cet abaissement de prix des produits ruraux dont la marche soutenue se montre dans les chiffres déjà donnés.
Vers 1824, le revenu foncier était tombé au-dessous du tiers de ce qu’il avait été en 1819. Plus tard, grâce au rétablissement de la
nourrir ses mulets dans le voyage. Voulez-vous être édifiés sur l’entière identité du système du Brésil et de la Caroline et des effets désastreux d’une agriculture exclusive, consultez un récent ouvrage sur ce pays, par M. Lacerda Warneck, dont le Journal des Économistes, numéro de juillet 1856, a donné un aperçu sommaire. Le remède qu’on y prescrit pour ces difficultés est une amélioration dans les procédés de culture ; mais l’agriculture est de toutes les sciences la dernière à atteindre du développement. Ce développement ne marche toujours que dans le sillage des manufactures ; et si le Brésil veut améliorer sa culture, il ne peut le faire qu’à la condition de placer le marteau et le métier à tisser tout proche de la charrue et de la herse.