libres en raison de l’aptitude acquise à substituer les grands pouvoirs de la nature à la pure force musculaire.
Par le développement de commerce et l’accroissement du pouvoir d’association, le fermier est mis en état de varier les objets de la culture, — substituant pommes de terre, turneps et autres produits que la terre fournit par tonnes, au blé qu’elle donne par boisseaux et au colon qu’elle donne par livres. Avec le déclin du commerce et l’accroissement de pouvoir du trafic, le marché devient plus distant, le fermier est forcé de se borner à quelques denrées dont la terre ne donne que peu, et qui, par conséquent, supporteront le transport. Toute plante veut pour sa nourriture certains éléments dont l’extraction continue appauvrit le sol ; aussi l’épuisement de la terre et la dispersion des hommes dans une année préparent-ils un épuisement et une dispersion plus considérables pour une autre année. Tel a été le cas avec la culture du coton et du sucre dans les États du Sud, avec celle du blé et du tabac dans ceux qui sont plus au nord ; les résultats se manifestent par le fait que l’appauvrissement du sol et la dispersion de population marchent d’année en année avec une vitesse constamment accélérée.
Plus la dispersion est rapide, moindre est la quantité de denrées qui rémunèrent le travail dépensé sur la terre, plus grande est la proportion de ces produits absorbés par le trafiquant et le transporteur, et plus s’accroît la tendance à la centralisation et à l’esclavage. Le peuple de l’Inde, nous l’avons vu, n’obtient pas plus que 1.200.000 dollars pour sa récolte totale de coton ; mais lorsqu’elle lui revient sous forme de drap, elle lui en coûte plus de 30.000.000 ; — toute la différence allant aux gens qui s’emploient à changer le lieu et la forme et à faire les échanges. D’où suit que tant d’Indiens vont se vendre eux-mêmes en esclavage à Maurice. L’Irlandais se départit de la denrée brute à vil prix, et la rachète à des prix énormes ; d’où suit que ceux qui échappent à la famine et aux maladies abandonnent si tristement leur terre natale. Le peuple du Texas obtient des cents pour son coton et paye des dollars pour le drap, le fer et les instruments dont il a besoin ; — toute la différence allant aux gens qui possèdent des chevaux et des chariots, des navires et des bateaux à vapeur, et aux milliers d’autres personnages intermédiaires qui se tiennent entre celui