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la plante qui fournit le coton, parce qu’ils sont loin du mul-jenny et du métier à tisser. L’homme est placé sur la terre pour soumettre à son service les forces de la nature, — la contraignant à lui fournir les utilités nécessaires à son usage et en échange de la moindre somme possible d’effort humain. Pour atteindre ce but, il lui faut combiner ses efforts avec ceux de ses semblables, — le fermier, le meunier, le boulanger s’unissant pour la production du pain ; le berger, le fileur et le tisserand s’unissant pour la production du drap. Plus l’union est parfaite, moins il y a déperdition de travail dans le transport et dans l’acte de l’échange ; et plus augmentera le pouvoir d’améliorer le territoire déjà occupé et en même temps d’étendre l’œuvre de culture sur les sols plus riches, — comme il se fait maintenant en France, Danemark, Allemagne et autres pays progressifs de l’Europe. Moins il y a de pouvoir de combinaison, plus il y a tendance à l’épuisement du sol, comme nous avons vu que c’est le cas en Pologne et Irlande, Turquie et Portugal, Jamaïque et Inde et dans tout autre pays presque entièrement consacré, comme les États-Unis, à l’œuvre de gratter la terre. De toutes les matières brutes nécessaires aux desseins de l’homme, l’engrais est le plus important et le moins susceptible d’être transporté à distance ; et c’est pourquoi la pauvreté, la dépopulation, l’esclavage, sont les conséquences infaillibles qui attendent une communauté réduite à dépendre de la simple sorte d’effort requis pour forcer la terre à fournir les matières brutes du vêtement ou des aliments. Pour la plus grande partie des États-Unis, le marché est à la distance de centaines et de milliers de milles ; on en voit les conséquences dans les faits exposés dans les paragraphes suivants extraits d’un estimable mémoire lu par M. Waring à la société géographique de New-York.

« Pour vous mettre à même de bien comprendre ce sujet, considérons la quantité des différentes sortes de substances minérales qu’enlèvent au sol différentes récoltes.

» Dix boisseaux de maïs contiennent 9 livres de matière minérale, où nous trouvons 2.78 livres de potasse et 4.52 livres de phosphate.

» Dix boisseaux de blé contiennent 12 livres de matière minérale, consistant en partie en 2.86 livres de potasse et 6.01 de phosphate.