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de puissance que n’en fournirait le chiffre total, chaque homme travaillant à part.

Cependant, pour mettre le combustible à même de faire cette besogne, il faut que l’homme remplisse fonction d’ingénieur ; — substituant la force intellectuelle à la force musculaire qui autrement serait nécessaire. L’ingénieur doit avoir son engin, et pour produire ces engins il faut une portion du travail qui par leur usage sera économisé. Quelle faible proportion, toutefois, il faut, nous le voyons par ce fait, que le chiffre total des constructeurs de chaudières dans la Grande-Bretagne, en 1841, n’était que de 3.479 ; et, comme le nombre total d’individus occupés à la construction de machines à vapeur ne peut dépasser le décuple, nous avons moins que 35.000 travailleurs ainsi employés. Mineurs, constructeurs, pris ensemble, nous donnent un chiffre au-dessous de 100.000, comme la quantité totale de force humaine donnée au développement d’une force naturelle égale à celle de 600.000.000 d’hommes, — la force musculaire de chacun se trouvant ainsi, grâce à l’association et à la combinaison, multipliée non moins de six mille fois.

§ 2. — Somme extraordinaire de pouvoir qui reste sans développement dans les États-Unis. La combinaison d’action est nécessaire pour le développer. La politique nationale hostile à l’association et à la combinaison.

De toutes les communautés du globe, il n’en est aucune qui ait à sa disposition une somme totale de puissance comparable à celle des États-Unis ; — la quantité de combustible à sa portée étant, en pratique aussi illimitée que l’air que nous respirons. Il gît sous une large partie de Pennsylvanie, Maryland, Virginie et Nord-Caroline, tout en abondant tellement dans les régions de l’ouest que le plus généralement il est sans valeur aucune. Il en est de même quant à la matière dont les machines à vapeur sont faites, — le minerai de fer ; — les dépôts en sont illimités, et n’attendent que le moment où l’homme se décidera à les approprier à son usage et par là acquérir la richesse. À quel degré l’on peut l’acquérir, nous le savons par l’expérience de la Grande-Bretagne ; — une simple centaine de mille hommes y fournit une puissance égale à plus que soixante fois la pure force musculaire de toute la population adulte mâle de l’Union américaine[1].

  1. On peut très-convenablement demander : « Si pouvoir est réellement richesse, comment se fait-il que la population d’Angleterre, qui dispose d’une somme énorme de richesse, est-elle tellement pauvre qu’y ait pris naissance l’idée d’excès de population ? La réponse est que tout son pouvoir va se perdant dans l’effort d’empêcher