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quantité produite ; tandis que dans les cas de la farine et du coton on le voit recevant des prix plus faibles, avec difficulté constamment croissante, comme on le montrerait, provenant de l’exportation constante des éléments dont se compose la farine et le coton.

On nous dit cependant que dans le cas du coton, le déclin du prix est une conséquence nécessaire du surcroît dans la demande dépassant les besoins du monde ; ce qui fait que les planteurs tiennent des meetings pour aviser à des mesures tendant à limiter la quantité à planter. En agissant ainsi ils ne font que répéter ce qui s’est fait naguère en Virginie au sujet du tabac ; et c’est ainsi que les mêmes causes produisent les mêmes effets[1]. La difficulté réelle se trouve aujourd’hui, comme elle se trouvait alors, dans l’absence totale de diversité des emplois, ce qui produisait nécessairement déperdition constante de travail et épuisement incessant du sol, accompagné d’une destruction de la valeur de la terre et de l’homme par laquelle elle est cultivée.

L’avilissement du prix de la farine et du coton n’est, le lecteur l’a pu voir, en conformité avec aucune loi générale. Il est, au

  1. En 1632, la législature de Virginie passa une loi pour limiter la consommation et élever le prix du tabac. En 1639, — le prix étant tombé à 3 pences la livre, — l’assemblée décida que l’on brûlerait moitié de la récolte. En 1643, des primes furent offertes dans la vue d’assurer la diversité dans les emplois agricoles et d’élever ainsi le prix du tabac. En 1662, l’assemblée passa différents actes pour pousser à une diversité d’industries, — encourageant la plantation des mûriers, offrant des primes pour la construction de navires, la fabrication domestique des étoffes de laine et des toiles. Deux acres de maïs — ou un de froment — durent être cultivés par chaque individu sujet à la dîme. Une tannerie, avec des corroyeurs et des cordonniers y attachés, dut être établie dans chaque comté aux frais publics, les peaux y étant reçues à un prix fixé pour être manufacturées en souliers qui se vendaient aussi à un prix fixé dans le statut.
      En 1666, un arrangement eut lieu en vertu duquel des actes furent passés dans les assemblées tant du Maryland que de Virginie, ordonnant « une cessation, c’est-à-dire une suspension de planter du tabac pendant un an, afin par là d’en faire hausser le prix ! Les propriétaires du Maryland formèrent opposition à l’acte du Maryland, et le projet ayant échoué, la législature fit de nouveaux efforts pour susciter des manufactures, — « chaque comté étant requis de construire un métier à ses propres frais et de le pourvoir d’un tisserand. »
      En 1682, — le prix du tabac étant tombé à 1 penny, — les colons purent à peine acheter les nécessités communes de la vie, et bientôt, et également sans succès, des efforts furent tentés pour contrebalancer l’action du système qui limitait les colons dans le rude travail rural.