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ché, devaient causer une baisse qui n’allait pas à moins de 10 et plus probablement 15 pour cent ; et cette baisse s’étendait à toute la récolte britannique, quelle que pût être sa quantité. Aussitôt qu’un marché domestique fut créé, le blé britannique cessa d’aller au dehors, et cessa d’affecter les prix des marchés étrangers ; et alors les prix britanniques montèrent au taux que nous avons vu, par la raison de la double épargne qui résulta pour le fermier de la diminution des frais de transport et de la hausse des prix sur tous les marchés du continent européen.

§ 6. — L’homme qui doit aller à la recherche d’un marché doit payer la taxe de transport. Lourde taxation sur les fermiers américains.

Point de vérité plus facile à démontrer, que l’obligation pour l’homme qui doit aller au marché, de payer le coût du voyage. C’est une vérité que la triste expérience enseigne à tout fermier, et aussi que l’homme d’étude peut trouver démontrée par Adam Smith. Le blé qui est à la distance de vingt ou trente milles du marché se vend plusieurs centimes de moins par boisseau que celui qui est près du marché ; et les pommes de terre qui sont à cent milles du marché sont presque sans valeur, tandis que celles qui se récoltent près du marché se vendent trente à quarante cents le boisseau, la différence entre elles étant le taxe du transport.

Une autre vérité non moins importante, c’est que le prix de la récolte entière dépend de ce qu’on peut obtenir pour le petit surplus qui doit aller au dehors ; ou ce qui est payé pour la petite quantité qui doit être apportée de loin. Donnez à un certain district 10, 000 boisseaux de blé au-delà de son nécessaire, et la récolte tombera au niveau du prix qui peut s’obtenir au dehors pour ces quelques boisseaux ; bien que peut-être ils ne constituent que 3 pour cent du tout. Que le même district, l’année suivante, ait besoin d’un surcroît de 10.000 boisseaux, et le tout va s’élever au niveau du prix auquel le surcroît se peut obtenir, — la différence entre les deux étant peut-être la suivante :

Admettant que la récolte soit 300.000 boisseaux et que le prix, lorsqu’il n’y a ni surplus, ni déficit, soit 1 dollar, le produit est   300.000 dollars.
La récolte étant plus abondante et donnant un surplus à expédier à distance, le prix tombera à 75 cents, donnant pour 310 mille boisseaux 232.500
La récolte étant faible, et nécessitant un surcroît de 10, 000 boisseaux venus de loin, le prix sera 1 doll. 25 cents, — donnant pour 290.000 boisseaux 362.500