meubles dans leurs demeures, comme de bonnes tables et chaises, rideaux de fenêtres et persiennes (dont la moindre hutte est pourvue), pendules, bonne literie, papiers de tenture et quelques livres, — il est évident qu’ils dépensent leurs gains pour leurs conforts, et qu’ils ne sont pas à un bas degré de bien-être social, mais à un degré aussi élevé que celui conçu par ceux de nos artisans assurés de trouver constamment à vivre dans leur profession. Voilà la Suède. C’est là, dans les provinces du Nord, ce qu’un pays peut se sentir justement fier d’avoir réalisé[1]. »
Plus se perfectionne le pouvoir d’entretenir commerce, plus l’esprit acquiert de développement, et plus augmente la soif de connaître. Rien donc d’étonnant qu’ici, comme en Danemark, nous trouvions une littérature en progrès rapide, — se développant dans la capitale et se manifestant dans les petites villes sous la forme de magasins de librairie bien fournis. « Je suis ici, dit M. Laing, écrivant d’un village de Laponie, dans une maison plus confortable, plus propre qu’aucune de nos petites villes du nord de l’Écosse, à l’exception peut-être d’Inverness, ne peut se flatter d’en posséder. Cette petite ville de onze cents habitants, à quatre cent soixante-dix milles de la capitale, compte deux libraires, chez qui j’ai trouvé un bon assortiment de livres modernes, parmi lesquels la vie de Colomb par Washington Irving, en anglais. Tous les conforts, toutes les convenances, et, à juger d’après l’apparence des dames et des gentlemen, toutes les élégances d’une vie raffinée se trouvent en aussi grande abondance que dans nos petites villes, et peut-être même pénètrent plus bas dans la société, grâce à la vie de tous les jours qui est moins coûteuse. Dans la tenue et dans les habitudes du peuple, rien qui vous donne l’idée d’ignorance, de
- ↑ Dans les règlements adoptés par toutes les grandes fabriques de Suède, il est déclaré que les propriétaires se proposent : « par un soin incessant, par des demandes modérées de capacité dans les jeunes sujets et par leur constante attention sur leur moralité et leurs dispositions, de diriger leurs intelligences vers l’habileté et la bonne conduite de manière à ce qu’en quittant l’établissement, ils aient titre à être employés dans telles professions sociales qui conviendrait à leur âge plus mûr, de préférence à ceux qui ont dépensé leur temps dans l’oisiveté et souvent sans aucune sorte de direction, et un résultat de cette détermination, de traiter leur population ouvrière comme des êtres humains, a été que l’introduction des machines s’est opérée sans inconvénients. Il n’y a point eu coalitions d’ouvriers, on n’a jamais entendu de plaintes de mauvais traitement ou d’insuffisance de salaires. » — Officiai Documents, given by Gregor. — Commercial Statistics, vol. I, p. 863.