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est vrai ou faux. S’il est vrai, il doit être, conséquemment, en harmonie avec ce que nous apercevons autour de nous, relativement à tous les travaux auxquels l’homme se livre ordinairement, puisqu’il ne peut exister qu’une seule loi. S’il est faux par rapport à une chose quelconque, il doit l’être par rapport à toutes. Le lecteur peut facilement se convaincre que ce tableau est partout conforme à la vérité, en considérant le mouvement qui a lieu dans nos établissements de l’Ouest. Là, le bois a généralement peu de valeur, à raison de son abondance ; mais le bois de charpente est très-cher à cause de l’éloignement de la scierie. La consommation est, conséquemment, faible, et la proportion que présentent les individus qui s’occupent d’abattre des arbres est insignifiante, si on la compare au nombre de ceux qui s’occupent de transporter ceux-ci au moulin, et de les transformer en bois de charpente. Cependant plus tard, il se construit d’autres moulins à scier et plus rapprochés, et la valeur du bois de charpente baisse en même temps que celle de l’homme s’élève, et qu’il y a également accroissement correspondant dans son pouvoir d’obtenir des maisons et l’ameublement destiné à les garnir. La demande des madriers augmente, et un plus grand nombre d’individus s’occupent maintenant d’ajouter à la quantité d’arbres qui arrivent sur le marché, tandis qu’un plus petit nombre s’occupe des travaux de transport et de transformation. Puis vient la machine à planer, qui donne lieu à une nouvelle diminution dans la différence entre la matière première et l’article fabriqué, à une nouvelle décroissance dans la quantité de travail dont l’application doit intervenir entre les deux, et à une nouvelle augmentation dans la valeur des arbres et le nombre des individus employés à les abattre.

La houille et le minerai de fer sont peut-être abondants, mais ils n’ont aucune valeur à cause de l’éloignement des fourneaux ; tandis que, par la même raison, le prix du fer est élevé. La proportion du travail consacré au transport du fer est considérable, tandis que celle qui est appliquée au développement des forces de la terre est faible ; et comme conséquence de ce fait, on n’emploie que peu de fer. Avec le temps, cependant, il se construit des fourneaux dans le voisinage ; et maintenant on applique une somme considérable de temps et d’intelligence à l’augmentation de la quantité de matière première produite, sans qu’il y ait peut-être