classes les plus pauvres lisent les romans de Walter Scott et d’autres ouvrages étrangers, en outre de ceux des principaux écrivains de l’Allemagne. « Pris ensemble, dit le même écrivain, la condition morale et sociale des paysans et ouvriers de ces parties de l’Allemagne, de la Hollande, de la Suisse et de la France, où le pauvre a reçu de l’éducation, où la terre a été affranchie des lois féodales et où les paysans ont été mis à même d’arriver à la propriété, est beaucoup plus élevée, plus heureuse et plus satisfaisante que celle des paysans et ouvriers de l’Angleterre ; et tandis que ceux-ci se débattent dans la plus profonde ignorance, dans le paupérisme et la dégradation morale, les premiers atteignent d’un pas progressif et soutenu une condition, considérée sous le rapport moral et social, d’un caractère plus élevé, plus heureux et animée de plus d’espoir[1]. »
La diffusion de la possession foncière engendre ici, comme partout ailleurs, le respect des droits de la propriété. « Autour des villes, dit M. Kay, la terre est à peine plus enclose, sauf les petits jardins qui entourent les maisons, que dans les districts les plus agricoles. Cependant on abuse rarement de ce droit. Un champ qui avoisine une ville allemande, suisse ou danoise, est aussi en ordre, aussi propre, aussi respecté des passants, que dans la partie la plus retirée et la plus strictement préservée de nos districts ruraux. Tous les pauvres ont des parents ou amis qui sont propriétaires. Chaque individu, quoique pauvre, sent que lui-même un jour ou l’autre il peut devenir propriétaire. Tous par conséquent sont immédiatement intéressés à la conservation de la propriété et à veiller sur les droits et les intérêts de leurs voisins[2].
§ 11. — Avec le ferme accroissement dans la liberté de l’homme marche celui dans la puissance de l’État.
Là où il y a diversité d’emplois la terre gagne en valeur et se divise ; et c’est alors que les hommes deviennent libres. Le système anglais du trafic tend dans la direction contraire — vers la consolidation de la propriété foncière ; et c’est pourquoi « le travailleur anglais, dit M. Howit, « est tellement séparé de l’idée de propriété qu’il arrive d’ordinaire à la regarder comme une chose dont il reçoit avis par les lois des grands propriétaires et conséquemment il devient sans activité, sans initiative. » — Le paysan allemand au contraire, ajoute-t-il, « voit la contrée comme faite