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§ 7. — À l’accroissement de la diversité dans la demande aux pouvoirs de la population, correspond diversité dans la demande au sol.

Dans nul pays il n’y a eu plus rapide accroissement dans la diversification d’emplois, et accroissement dans la demande pour le travail, que dans le pays que nous examinons en ce moment. Partout les hommes vont aujourd’hui se mettant en état de combiner les travaux de l’atelier avec ceux des champs ou du jardinage. « Les résultats économiques de cette combinaison, dit un récent voyageur anglais très-observateur[1] ne peuvent être évalués trop haut. L’inter-change du travail horticole avec les travaux industriels, qui est avantageux pour l’ouvrier qui travaille au logis, est un luxe et une nécessité réels pour l’ouvrier des ateliers, où le travail est presque toujours fatalement préjudiciable à la santé. Après son travail du jour à l’atelier, il éprouve d’un travail modéré en plein air une restauration de sa vigueur physique, et en même temps il en tire quelques avantages économiques. Il peut de la sorte cultiver au moins une partie des végétaux pour la consommation de sa famille, au lieu d’avoir à les acheter fort cher sur le marché. Il peut quelquefois aussi entretenir une vache qui donne du lait à la famille, et fournit une occupation salubre à sa femme et à ses enfants au sortir de l’atelier. »

Comme une conséquence de la création d’un marché domestique, le fermier a cessé d’être forcé de se consacrer lui-même exclusivement à la production de blé ou autres articles de petit volume et de haut prix, et peut maintenant « avoir une succession de récoltes comme un maraîcher » — trouvant emploi sur sa terre et pour son travail dans toute saison de l’année, et se plaçant à un très-haut degré, hors de l’atteinte de ces accidents par lesquels le fermier éloigné, qui dépend d’une seule récolte, est si souvent ruiné[2].

L’étroite proximité du marché l’exemptant de la taxe de transport, il est à même d’obtenir la pleine valeur des utilités qu’il produit, et d’en rapporter une partie dans l’engrais qui se produit

  1. Kay. The social condition and Education of the People of England and Europe, vol. I, p. 256.
  2. On n’épargne aucun moyen pour faire rendre à la terre le plus possible. Pas un mètre carré ne reste en friche ou sans emploi. Les pierres ne restent pas mêlées au sol. Le terrain est nettoyé des mauvaises herbes et broussailles, et les mottes sont pulvérisées avec plus de soin que dans un jardin anglais. Si c’est une prairie, on la nettoie des plantes nuisibles, on n’y laisse venir que les douces plantes qui sont bonnes pour le bétail. Social Condition etc., vol. I, p. 118.