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moins que le huitième du coton brut et des filés importés ; et pourtant la valeur de cette petite quantité était de 20.000.000 thalers — suffisante pour payer toute l’importation. Les trois quarts au moins de cette somme considérable consistaient en travail représentant la subsistance allemande, ainsi mise en état d’être expédiée facilement aux pays lointains.

Il y a vingt ans, l’Allemagne fournissait le monde de chiffons, et importait du papier, dont elle ne consommait alors que peu. En 1851, tout a changé, l’importation nette des premiers ayant été de 3.700.000 livres — l’exportation nette du dernier s’étant élevée à 3.500.000. À la première époque les chiffons étaient à plus bas prix que dans les autres pays, tandis que le papier était plus cher. Les prix des deux articles se sont beaucoup rapprochés ; aussi la consommation du papier a-t-elle augmenté tellement qu’elle absorbe non-seulement toute la quantité produite dans le pays, mais en outre, plus de 30.000.000 produits au dehors. Le lecteur appréciera pleinement la valeur de ces faits, s’il considère combien énorme doit avoir été la production domestique de chiffons, résultat d’un surcroît de consommation de coton montant à plus de 100.000.000 de livres.

En 1830, la quantité de houille exploitée n’était que de 7, 000, 000 de tonnes[1] — et en y ajoutant 1.200.000 de charbon brun, nous avons un total de 8.200.000. En 1854, la première était portée à 34.000.000 et la dernière à 12.000.000, — formant un total de 45.000.000.

En 1834, on fabriquait 76.000 tonnes de fer en barre ; en 1850 le chiffre avait monté à 200.000, et le fer en gueuse s’élevait à 600.000 tonnes[2] ; la consommation actuelle du Zollverein dans la moyenne annuelle de 50 livres par tête — c’est plus que dans aucun pays de l’Europe, excepté la France et la Belgique, et plus que dans aucun pays du globe, excepté les deux susdits, la Grande-Bretagne et les États-Unis[3] : et pourtant le premier pas est le plus coûteux et le moins productif. Chaque haut fourneau qui se bâtit, chaque mine qui s’ouvre tend à faciliter le progrès dans le même sens, car chacun d’eux tend à favoriser association et combinaison.

  1. La tonne de Prusse est d’environ 200 kilog.
  2. Hewitt. Statistics of the Production of Iron, p. 12.
  3. Ibid., p. 13.